Sujet: Shannon Meyer — Sunflowers will grow on my grave, like a silent whisper wrapped inside my final breath. Mar 29 Mar - 4:51 meyer shannon
ft. Eve (Ib) - IB Nom :: MeyerPrénom :: ShannonSurnom(s) :: Aucun en particulierÂge :: 18 ansSexe :: F.Orientation sexuelle :: DésintéresséeNationalité :: BritanniqueGroupe désiré :: ImagineSituation conjugale :: CélibataireSituation familiale :: Mère décédée, père disparu. Frère et demie-sœur toujours en vie. Leur relation était déjà complexe et distante avant le décèsDate de naissance :: 14/06/1997Date du décès :: 29/04/2016Cause de la mort :: SuicidePéché principal :: ParessePéché secondaire :: EnviePéché contraire :: LuxureAncienne profession :: EtudianteForce :: 20/100Vitesse :: 80/100Endurance :: 50/100Avis sur la situation :: Neutre, mais plus encline à être favorable à la situation. Ne souhaite pas particulièrement expié ses pêchers, mais pas plus non plus rester là. Egarée, indécise, dirons-nous.Caractère
Ma chère et tendre maman, Je t'écris, comme tous les jours, en espérant que mes mots, bien que prisonniers du papier, te parviennent enfin comme dans un enchantement. Je sais que je rêve encore, que je suis toujours l'enfant que tu as tant aimé, l'enfant curieux qui te posait mille questions sans jamais être satisfait de tes réponses. Mais ne me regarde pas, depuis tes nuages, avec la tendresse de mon enfance. Le monde m'a arraché mon innocence, il a brisé jusqu'à mes rêves, il a piétiné tout ce que tu t'étais acharné à construire, à bâtir pour moi. Et désormais, il ne me reste plus rien. Plus rien que mes yeux pour pleurer, que ma voix pour crier ce doux nom que je te donne, ma maman bien-aimée, ma mère chérie. Je t'ai aimé si fort, tant, que maintenant, il n'y a plus que ce désert aride autour de moi, plus que ce silence qui bourdonne dans mes oreilles. Je ne souris plus, je ne ris plus, tout me semble fade, morne, tout me rend morose, plus rien n’attise ma curiosité comme un rien le faisait par le passé. J'en sais déjà trop, maman. Ma curiosité, elle m'a tué, comme ce cancer t'a arraché à moi, avec la même violence, avec ce même semblant de bienveillance. Elle me regarde, elle m'observe, elle me sourit, mais elle me poignarde, elle me murmure des mots tout bas, mais ils ne sont que haine, hargne, ils ne sont que vilenie. J'ai tenté, depuis ton départ, de remonter la pente. Mais même le vent, bourrasque cruelle, s'obstine à toujours me faire retomber, me faire rouler jusqu'en bas. Et quand je pense ne plus pouvoir tomber, le destin creuse encore, encore et encore, comme pour m'enterrer vivante. Hélas pour lui, je suis déjà morte, je ne suis plus de ce monde, déjà, je suis partie, il ne reste plus que mon corps, plus qu'une enveloppe vide qui attend le glas de la délivrance. Ne pleure pas, maman, tu me comprends, tu sais que plus rien n'a de sens, à présent. Je me souviens encore de nos jours heureux, pourtant, de ces tracas que nous jetions au loin pour se perdre dans nos étreintes, protégées par notre passion, par notre amour sans bornes, sans frontières. Je me souviendrais toujours de nos jeux, de l'éclat cristallin de ton rire, des rides de ton visage qui s'étiraient si gracieusement à ton sourire. Tu étais belle, maman. Même quand, certains jours, tu pleurais sans larmes devant la glace, tu te lamentais en me disant que le temps t'avais fais du mal. Tu étais comme une pierre, érodée, dont la forme était devenue précise, délicate, tu avais cette beauté que seul le temps sait façonner. Tu avais ce petit quelque chose d'adulte, que nul n'enfant ne peut recopier. Cette beauté domptée, docile. Tu étais mon rayon de soleil, même dans nos disputes. Quand elles éclataient, tout comme moi, tu te détruisais. Tu me disais tant de méchantes choses que tu ne pensais pas, tu te déchargeais de ton malheur sur moi, toi qui souffrais tant. Et moi, toujours secouée par de gros sanglots, toujours terrassée par l'idée que, comme tu le menaçais, tu t'en ailles, tu m'abandonnes, tu partes en me laissant derrière, je ne faisais que me justifier, que t'implorer de ne pas me faire ce mal. Je n'ai toujours vraiment eu que toi, tu as toujours été la seule, maman, à me faire si délicieusement du mal, à toujours me guérir, me soigner. Tout comme moi, tu as toujours été une personne fière. Tu ne pliais devant rien ni personne, tu prenais la vie comme elle venait et, quand le vent se retournait contre toi, tu lui hurlais dessus de cesser de t'embêter. Tu serrais le poing, le levais en l'air, l'expression fermée, en pestant après le sort. Même le jour où nous avons apprit pour ce parasite, cette malédiction nichée dans ton corps, s'amusant à ronger ta colonne vertébrale, à te tétaniser parfois de longues minutes sous la douleur, tu m'as souris. Tu m'as regardé, entre tes larmes, et tu m'as souris de toutes tes forces, pour que je ne pleure plus. Tu m'as caressé les cheveux, me rendant toute la tendresse que je t'avais donné toutes les heures auparavant, depuis le levé du soleil, pour que tu ne perdes pas courage. De nous deux, tu as été la plus forte. Tu n'as pas bronché, tu as accepté. Et tu n'en as plus jamais parlé. Tu as laissé le temps s'écouler, comme si ces jours qu'il te restait étaient ordinaires. J'ai hurlé, quelque fois, qu'il fallait que tu n'aies aucun regret, qu'il fallait que tu vives tout ce bonheur que tu ne t'étais pas autorisé. Mais tu m'as caressé la joue, encore, et tu m'as dis que tu ne pouvais pas. Que tu devais laisser l'avenir pour moi, que c'était le destin qui avait destiné que, bientôt, ce serait le temps pour toi de partir. Je ne l'ai jamais accepté, et je ne pourrais jamais. Depuis, je donne sans cesse aux autres ce que je ne sais saisir, c'est-à-dire à peu près tout ce qu'il me reste de matériel. Je veux, tout comme toi, que l'on se souvienne de moi pour cette générosité, pour cette gentillesse. Elle ne marquera pas le temps, elle disparaîtra, soufflée au loin, mais, encore quelques temps après mon grand départ, j'existerais dans des sourires. Je n'ai pas cessé de lire, maman. Tu m'as toujours dis qu'il fallait que je m'instruise, bien malgré tous les problèmes que je t'ai posés avec l'école. Tu m'as parfois disputé, tu m'as détesté. Mais, quand les pleurs me revenaient, plus forts, plus violents, faisant trembler mon corps, tu revenais me dire que je ne devais pas perdre espoir. Que j'étais simplement différente, que ma vision du monde ne convenait pas à celui-ci mais que je ne devais pas m'y plier pour autant. J'ai toujours été hors du moule, hors du cercle, j'ai toujours voulu faire de plus grandes choses que celles que l'on me prédestinaient. Mais à viser si haut, je me suis brûlé les ailes. Et je t'en ai causé bien des soucis. Avant, j'aimais l'école. J'aimais y aller, armer de ma dévotion pour l'existence même, assoiffée de savoir, de connaissance. Mais rien ne peut être un conte de fée. Ils m'ont jugée, brimée, ils m'ont fait du mal, tant de mal, en riant. Les enfants sont cruels entre eux. Ils m'ont mise dans une boîte invisible, une boîte qu'aucun adulte ne pouvait voir. Même toi, même avec ton amour, tu n'as pas pu la voir avant qu'il ne soit trop tard. J'ai cessé d'y aller, j'ai fuis, je me suis isolée, et je suis devenue cette "personne" à peine semi réelle. Qui, désormais, à part toi, se rappelle de mon prénom ? Peu m'importe. Tout sera beaucoup plus simple si je disparais simplement, si je me volatilise, comme un message amoureux balayé d'un tableau noir. Je ne suis jamais qu'une petite histoire. Je le sais. Je me complais dans mon malheur, dans ma souffrance. Mais, maman, il ne reste plus rien d'autre à admirer, n'est-ce pas ? Tu sais que le temps, le destin, m'a réduite en cendres. Tu sais que je ne peux plus faire confiance, que je préfère rester à distance des autres, moi qui pourtant étais très sociable dans l'enfance. J'étais agitée, je courais beaucoup, je riais à pleins poumons, je te dérangeais, parfois, dans ton travail, d'ailleurs. Mais je ne peux pas ramener ce "moi" des abysses. Il a sombré, ne laissant plus derrière lui qu'une flaque d'eau salée. J'ai trop dessiné ces sillons sur mes joues, tant et si bien qu'elles me semblent creuser, parfois, quand je me regarde. Et pourtant, non, elles sont toujours aussi rondes. Peut-être est-ce plutôt dû au fait que j'ai l'impression de m'envoler, de n'être qu'éphémère ici-bas ? Mon âme me chuchote d'être rassurée, de ne pas avoir peur. Je sais que tout sera bientôt fini. Et ces échos, ceux de mes souvenirs qui se brisent, éclatant en morceaux dans mon esprit, me tranquillisent presque. Cette fin me va, maman. Alors, je t'en prie, ma maman, ma petite maman, mon soleil, ma lune, ne pleure pas. Je t'écouterais toujours. Je répéterais tes paroles en boucle dans mon esprit, avec cette admiration, cette passion intacte. Je suis ta dévouée, je te dois jusqu'à ma vie, je te dois jusqu'à mon souffle. Et je me dois de te les rendre, dans un ultime vœu, dans un dernier souhait. J'ai prié toute la nuit, avant de me décider à t'écrire encore. Même malgré ce qu'il t'a fait, je crois encore en Lui. Je sais qu'il me regarde, lui aussi, qu'il doit me trouver répugnante de songer à me plonger dans ce pêcher. Mais il n'a pas souffert comme j'ai souffert. Il entend tant, et ne fait rien. Il est là, quelque part, si silencieux que je n'entends pas même son coeur battre. Peut-être, finalement, n'en a t-il pas ? Peut-être, finalement, est-ce pour cela qu'il t'a laissé mourir ? Je ne peux plus l'aimer comme je l'aimais avant. Je demande son pardon, sans plus m'inquiéter de l'obtenir. Je ne l'ai appelé que pour la forme, que parce que tu m'as éduquée ainsi, afin que je garde espoir, que je crois toujours. Mais c'est fini, maman. Même lui a disparu de mes yeux, même lui n'est plus qu'une illusion, qu'un désir que j'ai étreins si ardemment qu'il a fini par se fendiller avant de se briser. Il ne peut plus rien pour moi. Même moi, je ne peux plus rien pour moi. Je n'ai plus la force de faire quoi que ce soit, je n'arrive plus à me dire que demain sera un autre jour. Non, tous les jours se ressemblent. Tout n'est plus que tout gris, je suis plongée au coeur des nuages. Maman, ne t'en fais pas. Tout ira bien. Je t'ai fais du mal, je dois le payer. Je dois te rembourser tout ce que tu m'as offert si gentiment. Et quand je te retrouverais, quand tu me verras, tu me souriras, n'est-ce pas ? Je te le promets, je ne pleure pas parce que j'ai mal. Je pleure parce que bientôt, très bientôt, tout va toucher à sa fin, je vais partir d'ici, je vais aller où ils ne pourront plus jamais violer mon âme, abuser de mon corps, là où ma malchance, celle qui t'a empoisonnée certainement, s'en ira pour de bon. Je laisse la fenêtre, d'accord ? Tu vas me gronder, parce que le chauffage est allumé, il fait encore un peu frais dehors. Le vent est froid, il me mord la peau quand je ne me couvre pas assez. Maman, je les vois, tout ces gens dehors. Ceux qui sourient, ceux qui se tiennent la main, ces amoureux qui se promettent certainement qu'ils vont se marier, avoir des enfants, ceux qui peuvent vivre. Et je les envie. Je vois leurs yeux qui brillent, je sens le bonheur monter jusqu'à moi, me narguer. Je n'ai jamais pu m'empêcher d'envier les autres, d'envier ce qu'ils avaient et ce que je n'avais pas pour ma part. Mais c'est fini, tout ça. Ma délivrance, je la tiens dans la paume de mon autre main. Et quand j'aurais tout dit, quand j'aurais déversé mon venin, je mettrais un terme à cette torture. Ils trouveront mes mots, ils pleureront, ils m'enterreront, ils feront semblant de m'avoir aimé, protégé, ils diront que j'étais trop jeune, qu'ils ne savent pas ce qu'il s'est passé. Et chaque soir, ils se coucheront avec leurs mensonges, avec ce sourire artificiel. Si tu savais comme j'ai hâte, maman, de te revoir. J'ai hâte, tellement hâte, de prendre mon envol, de sortir de ma cage. Je vais partir les pieds devants, oui, mais que reste t-il d'autre à une désespérée comme moi ? Je ne souffrirais plus. Il n'y aura que le vide, je pense. Le vide et ton sourire, ton âme entrelacée à la mienne. Il n'y aura plus que toi et moi. Et si je le combats, si je l'affronte, je me tue pour lui donner tord, c'est bien parce que je ne laisserais plus aucun Dieu nous séparer, maman. Laisse-moi soupirer, verser ma dernière larme, prendre ma dernière respiration. Oui, tout ira bien. Plus de douleur, plus de mensonges, plus de silence, plus rien. Je ne serais plus cette moitié d'existence. Je ne serais plus rien. J'ai toujours eu peur, j'ai reculé, j'ai repoussé l'échéance. Mais c'est assez, maintenant. Qu'ils me trouvent, je serais déjà partie. Je les laisserais avec leur maudit silence, avec mes mots comme vengeance. Une part de toi dort en moi, ton sang coule encore dans mes veines. Mais je vais le délivrer. Plus jamais il ne nous souilleront, maman. Tout ça, ma maman, je vais l'arrêter, je vais rompre le cours du temps. J'arrête l'horloge, j'ouvre en grand la fenêtre, je laisse le froid rentrer, brûler mes lèvres. Si tu le sentais, maman, comme c'est doux, tu serais aussi tranquille que moi. Le printemps arrive, maman. Et toi, es-tu prête à fleurir ?
Physique
Taille :: Un mètre soixantePoids :: Cinquante-trois kilosCorpulence :: Frêle, ne possède pas de muscle très développés, voire même affaiblis comparée à une jeune femme moyenne du même âgeTeint de la peau :: PâleCouleur des yeux :: Vacillant entre l'orange, le marron et le rouge selon l'éclairageTaille des yeux :: GrandsCouleur des cheveux :: Châtain moyenCoupe de cheveux :: Cheveux mi-longs, bien égalisés, frange droiteExpression faciale :: InexpressifVisage :: Rond, mais cependant bien dessiné, aux traits fins accentué par un petit nez courtSourcils :: Petits et finsParticularités :: Nombreuses cicatrices (allant des avant-bras aux épaules, sans oublier les jambes et le dos)Style de vêtement :: Relativement classique, mais très couvrantsTatouages :: AucunÉpaules :: Petites et rondesMains :: Petites mains aux doigts longs et légèrement boudinésJambes :: Accordées à sa taille, finesDémarche :: Pas mal-assuré, lourd et lentSa voix :: Agréablement douce, apaisante, même si plutôt aiguë Première impression quand on le/la voit :: Jeune fille moyenne, quelconque, sur laquelle on n'arrête pas vraiment le regard du fait d'une grande discrétion
Histoire
Ah. Il fait si beau, dehors. Je regarde dehors, vaguement, jetant mon regard sur la populace qui s'y agite. Mes yeux, cependant, se fondent bien vite dans le sol, peut-être plus loin encore. Mon stylo en main, je gribouille un peu sur le bord de mon cahier pour être certaine qu'il ne sèche pas, qu'il fonctionne encore correctement. C'est idiot, parce que je viens de l'utiliser, mais peut-être est-ce devenu une sorte de toc ? Je retourne les yeux sur mon morceau de papier, sur lequel dort une écriture penchée et haute, mais inélégante. Je n'ai pas écris autant depuis tellement longtemps. Parfois, j'ai l'impression de ne plus savoir tenir un stylo correctement. Ma main le serrant l'écrase contre mes doigts, creuse un trou sur le côté de mon majeur contre lequel j'appuie la tige, un creux douloureux dont j'essaye d'ignorer la présence. J'aurais bien sûr pu m'y prendre des jours en avance, j'aurais pu écrire sur plusieurs jours. Mais je dois tout faire et tout finir aujourd'hui. Parce que sinon, comme toujours, je repousserais encore et encore. Et quand ils reviendront, quand tout recommencera, je redeviendrais cette bête autrement majestueuse qui n'est plus que lâcheté. Je prends une respiration, un peu à la va-vite, comme un soupir ravalé, bloquant ma salive dans ma bouche avant de la faire redescendre péniblement dans ma gorge serrée. J'ai les lèvres gercées, elles me brûlent, mais je n'ai pas le droit de boire quoi que ce soit. Le temps m'est compté. Je dois tout achever avant dix-sept heures, si je ne veux pas risquer qu'ils puissent réagir. Je dois tout terminer. Je reprends une respiration un peu confuse, précipitée, passant ma langue contre mes lèvres avant de les presser entre elles. Il faut que j'écrive, maintenant. Je laisse le vent froid pousser mes cheveux de mon visage, quelques poussières picoter mes yeux, me coupant de cette existence pour pouvoir la conter. Dieu que ce sera long. Dieu que ce sera douloureux. Mais il le faut, il faut que cette histoire se retrouve quelque part, que je puisse partir allégée, sans plus de remords, de regrets. Ils brûleront mes mots, ils me réduiront au silence, encore une fois, mais je sais qu'ils ne sauront pas se priver de les lire malgré tout avant ça. Et je les poignarderais. Je les attaquerais, comme ils m'ont attaqué, à l'aide de mes vérités, pour les démolir. Je n'ai plus aucune arme, je ne suis jamais qu'une jeune femme à l'allure d'adolescente, je suis cette bonne-à-rien dont ils se servent. Mais je vais mordre cette main qui prétend me nourrir. La mordre jusqu'au sang, que leur souillure m'abreuve et me fasse revivre, renaître. « Je m'appelle Shannon Meyer. Je suis née en Angleterre, dans la campagne profonde, mais ma mère ne m'a jamais dit le nom de la ville la plus proche. Je suis née, paraît-il, à la maison. Je ne sais pas grand-chose de cette naissance, sinon que mon premier souffle a été repêché par un frère aîné qui ne souhaitait pas avoir une petite-sœur. Mon frère, Eric, et moi-même avons quatre ans de différence, il est cependant lui aussi né pendant le mois de juin. A vrai-dire, à ce que disait ma mère, il est né le même jour que celui de naissance de notre père, un vingt-neuf juin. Malgré qu'il est tenté de me jeter aux ordures une fois, puis quelques années plus tard de me noyer, le temps l'a rendu un peu plus sage. Nous avons, comme beaucoup, passer notre enfance à nous marcher dessus, je lui ai beaucoup couru après, désireuse de jouer avec lui, de rentrer dans son petit monde pour ne pas être seule. Cependant, Eric était déjà quelqu'un de très distant, très froid, qui ne montrait pas ses sentiments, si bien que parfois, il me semblait impossible de l'atteindre. Notre vie, jusqu'à mes sept ans, a été très monotone. J'ai toujours obtenu de bon résultats à l'école, j'étais souvent première de mes classes, ce qui rendaient fiers mes parents. Tout comme moi, Eric était un enfant modèle, qui aimait jouer aux échecs que j'aimais lire et écrire. J'ai très tôt eu la passion des mots, je me suis émerveillé devant tant d'histoires que je ne saurais les compter. Notre vie, à mes sept ans, a basculé malgré tout. Mon père trompait ma mère, fréquemment, la battait, elle et mon frère, dans des accès de colère ravageurs, rentrant parfois saoul à la maison. Il était grossier, manipulait les gens à sa guise, menaçait ma mère de nous emmener, moi et Eric, loin d'elle si elle ne lui obéissait pas. Il me semble que jamais personne n'a vraiment su pour ce qui démarrait. Car, oui, ce n'était que le départ. Très vite, sa violence croissante est devenue préoccupante. Il tenta à plusieurs reprises d'étouffer ma mère, qui ne pouvait rien faire d'autre que se soumettre au père de ses enfants, pour ne pas nous faire de mal. J'ai longtemps ignoré à quel point il la harcelait, l'appelant sans cesse, quand elle sortait ne serait-ce que pour aller boire un café avec un collègue. Il l'accusait de le cocufier, la faisait culpabiliser en lui disant qu'elle n'était pas une bonne mère pour nous. Je l'ai, à de nombreuses reprises, entendu se hurler dessus. A mes huit ans, ils ont divorcé. Mon père, qui avait reporté toute sa rage sur mon frère suite au décès de sa propre mère, l'avait gravement blessé. Et Eric avait été pleuré auprès de ma mère, qui prenait un bain, en la suppliant de divorcer. Elle le fit donc. La guerre, à ce moment-là, à commencer, elle a éclaté, lourd orage venant zébrer de lignes lumineuses aveuglantes mon carré de ciel bleu. J'étais jeune, et ignorante, j'ai détesté ma mère. » Je lève le nez, un instant, fais tourner mon stylo autour de mes doigts, d'un geste à la fois lent et précis, pour soupirer. Je me souviens de tous ces moments. De la peur que je ressentais, quand ils se hurlaient dessus. Eric, quelque fois, m'emmenait dans notre chambre, et nous nous cachions sous la couette, pour en faire une tente et jouer sous, en tentant de faire le plus de bruit possible dans la guerre de nos poupées pour ne pas les entendre. Mais ce n'était pas assez. Ils criaient à pleins poumons, à chaque fois, des portes claquaient, de la vaisselle était fracassée. Une fois, notre père a même menacé de se jeter par la fenêtre, sous nos yeux, alors que ma mère pleurait un torrent de larmes. Je n'avais pas compris qui était le méchant de l'histoire. J'aimais mon père, comme une enfant aime son héro, je le défendais, je détestais ma mère de vouloir m'arracher à lui. Mais mon esprit se fourvoyait. Il ne venait pas me chercher à l'école, ne me faisait pas à manger tout les midis, alors même qu'il travaillait de nuit. Parfois, il m'oubliait après le judo. Et mon frère, qui m'enviait de ne pas être la victime des coups du paternel, me jeta tout cette faute sur le dos, avec perfidie, parce que je devais souffrir comme il souffrait. Je me suis sentie coupable de ce qu'il se passait, alors j'ai fini par me taire, par m'isoler pour écrire avec mes pauvres mots ce que je pouvais décrire de mes sentiments. Je ressemblais trop à la mère de mon père pour qu'il me violente moi aussi. Non, moi, il m'aimait. Il m'aimait à la folie. Trop, même, peut-être, trop pour ne pas me blesser, trop pour pouvoir me regarder dans les yeux. Il m'aimait, et me craignait. Je ressemblais trop à celle qui n'était plus là, mamie Marie-Rose vivait dans les traits de mon visage. Je prend encore une respiration. Je dois y arriver. Je vais y arriver. Le stylo, à nouveau, vient se frotter contre ma page déjà plutôt bien remplie. « Leur divorce a été très anarchique. Il y avait beaucoup de points à éclaircir. Et, hors des lumières, mon père et ma mère se lançaient des atrocités, déchirant l'avis que j'avais de l'un comme de l'autre. Je ne savais plus qui croire. Je répétais ce que j'entendais, comme une machine, sans savoir ce qui était vrai et ce qui était faux. J'ai déclenché, de cette façon, inconsciemment, beaucoup de leurs disputes. Ils se défendaient, bien sûr, mais rejetaient toujours la faute sur l'autre. Si bien que je me sentais complètement perdue. Ma mère a obtenu ma garde et celle de mon frère, car il était plus évident pour une femme d'élever une petite-fille, et parce que mon frère était très attaché à elle. Malgré ça, nous allions voir notre père un week-end sur deux, et la moitié des vacances. Après quelques années, vers la fin de ma primaire, cependant, mon père a commencé à manquer certains de nos week-end. Il y dormait quand nous venions le voir. Et, le reste du temps, il partait en scooter juste sous notre nez, quand nous étions au bas de l'immeuble à attendre de rentrer. A plusieurs reprises, il a fuit, comme s'il nous esquivait. Mon frère s'est révolté contre lui à de nombreuses occasions, révélant une sorte d'insoumission aux choix de notre paternel. Et, finalement, après avoir tenté d'aller vivre chez lui quelque temps, a décidé de rompre les ponts avec lui. Ma mère, pendant ce temps, a retrouvé quelqu'un. Un homme qui me faisait peur, qui tentait de prendre la place de mon père dans ma vie, un homme que je refusais sous le même toit que moi. Ma mère est tombée enceinte de lui, et tout a volé en éclats. Pendant toute la grossesse de ma mère, il m'a apprivoisée de beaux mots, parce qu'à mon tour ma relation avec mon père se dégradait. Mais, à la naissance de ma demie-sœur, Ellen, m'a lui aussi trahi, m'a tourné le dos. Il ne passait plus de temps avec moi, me criait dessus pour un rien, me repoussait. Je n'avais pas même le droit de prendre la petite dans mes bras, alors que j'étais pourtant alors âgée de onze ans. Lorsque personne ne regardait, lorsque tout le monde était occupé et que la petite criait, je me glissais dans la chambre, et je lui chantonnais des chansons pour la calmer. Quelque chose d'invisible, de secret, s'est bâtit entre elle et moi. Mais mon beau-père a encore tout démolit, l'emmenant sans cesse loin de moi. Huit mois après la naissance d'Ellen, ma mère et son père se sont séparés. Ils disaient que c'était la vie, que parfois les adultes ne s'entendaient plus. Eux deux aussi, ils avaient fini par se hurler dessus. Et l'amour avait encore disparu de notre chez nous. Nous avons déménagé après le divorce, deux fois, puis nous avions emménagé chez le père d'Ellen avant sa naissance, puis déménagé une fois encore après sa naissance. Je regardais sans cesse mes amis disparaître, je me laissais porter comme une poupée de chiffons, parce que je n'avais pas le choix. J'ai imploré ma mère pour que nous ne déménagions pas à nouveau, que je garde les quelques amis que j'avais réussi à me faire, et c'est donc mon beau-père, tout fraîchement ex-beau-père, qui quitta notre appartement pour s'en trouver un nouveau, avec l'explication éclairé de ma mère qu'il serait plus simple pour lui de trouver un toit que pour elle et trois enfants. J'ai gardé mes amis et, quelque part, j'ai réussi à être heureuse. Le père d'Ellen trop loin pour pouvoir me couper d'elle, j'ai pu reprendre ce lien, le recoudre, le réparer. Malgré ça, encore une fois, le sort s'est acharné contre nous. Le père d'Ellen, à chaque fois que je le croisais, l'entendait, glissait à sa fille qu'il ne l'abandonnerait jamais, qu'il l'aimerait toujours, des mots qui réveillaient ma souffrance. Mon père ne me parlait presque plus. J'ai demandé à aller vivre avec lui, pour m'en rapprocher. Et j'ai appuyé sur la détente sans le savoir. » Je relève à nouveau, encore, le regard. Le vent, un peu plus chaud qu'auparavant grâce à un brin de soleil, glisse sur mes joues, sur me front sur lequel dansent les mèches châtains. Un petit rire, déplaisant, douloureux, quittent mes lèvres. J'ai toujours été si naïve. Si innocente, trop innocente peut-être. J'étais là, comme le vase intact parmi ceux brisés. J'étais trop parfaite, trop préservée. Il fallait me briser moi aussi, me rendre comme les autres, me faire souffrir parce que tout le monde souffrait. Je n'avais pas le droit d'être heureuse. Penchant la tête vers l'arrière, en calant mon dos, avachie, contre le dossier de ma chaise que je penche, la faisant tenir en équilibre sur ses pieds arrières, mes genoux me tenant ainsi, plaqués contre le dessous de mon bureau. J'ai donné le bâton pour me faire battre. Ma mère, qui ne supportait pas de me voir si joyeuse, me demandait toujours indirectement de choisir entre elle et mon père. Et je l'ai choisi lui. J'ai donc fondu droit dans la gueule du loup. Je gardais déjà tellement de secrets, pourtant. J'en savais déjà tellement. Je savais avec qui mon père avait trompé ma mère, je savais que c'était mal, mais je l'aimais beaucoup trop pour le dire, beaucoup trop pour le juger. Quand je suis arrivée chez lui, il m'a accueilli en me répétant souvent que, les vacances approchant, il m'emmènerait à l'étranger, pour que nous passions l'été ensemble. Il m'a emmené au Maroc, oui. Et j'y ai rencontré une femme, celle avec laquelle il comptait se remarier. Il s'était reconverti, sans m'en parler, et m'imposa cette femme qui refusait que je mange de la main gauche, alors même que j'étais gauchère. Je me suis pliée à ses bons vouloir, j'ai tenté de comprendre. Mais il n'y avait rien à comprendre. Il s'est remarié, l'a ramené ensuite chez nous. Et elle y est devenue reine, et moi servante. « Suite au remariage de mon père, j'ai appris que toutes les femmes ne sont pas des saintes non plus. Sa nouvelle épouse, à chaque fois qu'il s'absentait, me brimait, tentait de se débarrasser de moi à coups de mots lourds. Elle alla même jusqu'à manquer de m'ébouillanter en tirant l'eau froide alors que je prenais une douche. Mais je ne disais rien. Je n'étais pas là pour elle, mais pour retrouver le lien que j'avais perdu avec mon père. Un soir, pourtant, après qu'elle m'est volontaire renverser un plat sur le crâne, après m'avoir humiliée en me déshabillant, j'ai appelé ma mère, en pleurs, pour déverser toute ma colère, toute ma rage. Cette femme, perfide, écouta à la porte. Elle appela mon grand-père, qui n'habitait pas loin, pour lui dire de me prendre chez lui, parce que je l'offensais de mes paroles, que j'étais irrespectueuse. Il ne m'écouta pas, me sermonnant sévèrement, et, le lendemain, en revenant du collège, mes affaires étaient pliés. Mon père vint me parler, me disant qu'il ne pouvait pas me garder. Il disait devoir choisir entre sa femme et moi, et n'avoir aucune hésitation sur son choix. J'ai mordu ma langue, serré le poing. Elle avait gagné. Elle avait tout gagné. Il m'a déposé en bas de l'immeuble de ma mère, où Eric me récupéra et, à pas le pas de la porte franchit, je tombais en larmes. C'était trop pour moi. Je l'avais perdu, je n'avais rien pu faire contre les mensonges. On m'accusait de mentir, d'être manipulatrice, de vouloir bouter hors du pays cette femme qui s'appelait elle-même l'étrangère pour faire croire que j'avais pour habitude de la nommer ainsi. Et mon père l'avait écouté. Il m'avait trahit. Eric, cette journée-là, prit grand soin de moi, refusa de me laisser seule rien qu'une unique minute. Mais, le soir venu, la rage refit surface. Je voulais le réduire en poussières, en cendres, je voulais qu'elle disparaisse, elle et ses paroles comme du venin. Pourtant, je ne lui fis rien. Non, ma colère se retourna contre moi. Et, à grands coups d'entailles faîtes au couteau, je striais ma peau de coupures profondes, dans lesquelles je déversais toute ma douleur. Personne n'a rien remarqué, personne ne m'a entendu pleurer. » Je pose les yeux sur le plafond, posant un instant mon stylo pour masser le creux déplaisant sur le côté de mon majeur. Les jours qui ont suivi ce départ précipités, ma mère a du lutter pour me re-scolariser. J'ai été très seule, à me balader dans la ville. Mes amis étaient déjà en cours, et moi j'étais simplement là, à attendre que le collège me repêche. J'écrivais des poèmes glauques, morbides, parlant de mort, de trahison, des textes que j'avais pour habitude de brûler immédiatement après les avoir finis. Personne ne devait lire ça, personne ne devait savoir. Ça m'allait, de souffrir comme ça, toute seule. J'avais provoqué cette catastrophe. En pensant bien faire, certes, mais ça n'en était pas moins de ma faute. J'accusais le coup, de mon mieux, alors que, après avoir reprit les cours, mes professeurs se bornaient à tenter de contacter mon père. Maman m'a envoyé voir un psychologue, puis un autre, et un autre encore. J'en ai même fais tomber un en dépression, à force de silences. Je ne voulais pas avouer que, avec ma bêtise, j'avais marché sur l'amour que mon père portait à sa femme. Je me sentais coupable, et je l'ai pensé pendant des années, jusqu'à recevoir une lettre. Une lettre venant d'elle. Elle annonçait la naissance d'un bébé, Wyatt, que je n'ai jamais rencontré. Je ne pouvais même pas le considérer comme mon frère. J'ignorais jusqu'à la forme de son visage, la couleur de ses yeux. J'ai abandonné ma famille paternelle entièrement, après avoir essuyer de violents échecs dans le but de leur reparler. Elle avait réussi à retourner tout le monde contre moi. Même les cousins avec lesquels j'avais jouer tout les week-end pendant mon enfance ne voulaient plus m'adresser la parole. Mon père, a tenté à de nombreuses reprises, de faire croire qu'il me soutenait, que j'étais simplement dépressive, que c'était une phase. « Je suis partie à la dérive après cette horreur. A l'école, j'étais si isolée que mes camarades ont fini par voir en moi le parfait bouc-émissaire. On m'a frapper, on a couper et brûler des mèches de mes cheveux, on m'a cracher au visage, insulter. Mais les adultes ne me croyaient pas, prétextant que je ne faisais pas suffisamment d'efforts pour m'intégrer, que je cultivais ma différence, que j'avais un air hautain et dédaigneux. Et pourtant, je n'osais regarder personne dans les yeux, je fixais toujours le sol, j'essayais d'aider ceux qui ne faisaient en réalité que se servir de moi. Un jour, un camarade a poussé le vice plus loin que les autres. Il m'a invité chez lui, pour que je l'aide pour un devoir, mais, en l'absence de ses parents, a volé ma confiance, a abusé de la gentillesse que je lui offrais. J'ai hurlé, j'ai pleuré, mais bien vite ma voix a disparu de ma gorge. Faible, trop faible face à un jeune homme, je n'ai pas pu me libérer. Je me suis déchiré de l'intérieur, j'ai senti que quelque chose se brisait, quelque chose qui ne reviendrait jamais. Quand il s'est rhabillé, et que j'ai vu ces gouttes de sang sur les draps, tâchant mon sous-vêtement, j'ai été prise de violentes secousses. Mon corps refusait de m'écouter. Mon esprit était trop embrouillé de toutes façons. Quand la crise est passée, j'ai voulu rentrer chez moi, me laver, me débarrasser de cette impression d'être sale. Mais j'avais l'impression de cette casse, ce quelque chose qu'il avait tué se lisait sur mon visage. J'ai arpenté les rues, je me suis posé dans un parc, j'ai attendu que la nuit tombe pour revenir à l'appartement. Ma mère m'a disputé, et je n'ai fais que l'écouter. Je ne pouvais rien dire, j'avais la bouche pleine de sang, à force de me manger la langue de l'intérieur des joues. Elle aurait honte de moi, si je lui disais, c'est ce que je pensais. J'ai encaissé, comme on encaisse un ouragan : en en ressortant en tant que survivante, non pas en tant qu’héroïne. Peu de temps après, des médecins ont découvert un cancer métastasé à maman. C'était fini. C'était perdu d'avance. Elle n'a pas pu me le cacher, car j'étais venu à l'hôpital avec elle, mais elle n'en dit rien à Eric et Ellen. Eric serait bientôt un adulte, et Ellen aurait son père pour prendre soin d'elle. Mais moi, je n'avais qu'elle. Je l'ai enlacé, ce jour-là, de toutes mes forces, je l'ai laissé me bercer de belles paroles, je l'ai écouté comme on écoute un sage, un être vénérable, vénéré. J'ai voulu tout oublier. Je ne pouvais pas souffrir autant d'elle. J'ai mis le traumatisme dans une boîte, je me suis battu avec les juges qui accusaient ma mère de ne pas être une bonne mère parce que je n'allais plus à l'école. Elle m'en a voulu, bien sûr, mais elle lisait certainement entre mes lignes, dans le clair de mes yeux. Quelque chose n'allait pas, je ne voulais pas y retourner pour une raison bien précise, elle le savait, même si elle ignorait cette raison. Elle m'a défendue, soutenue, elle m'a même payé des cours par correspondance, en m'aidant de son mieux lorsqu'elle rentrait du travail. Et puis, après des années de médicaments pour alléger ses peines, ses souffrances, ses maux, elle a levé les voiles. Eric a trouvé un petit appartement, mais a refusé de m'y héberger, prétextant qu'il ne pourrait pas me nourrir et loger sans se mettre en danger. Ellen a disparue dans les bras de son père, qui m'a pratiquement interdit de la revoir. Et finalement, j'ai été rattrapé par un oncle et sa femme, un frère de ma mère que je n'avais jamais rencontré. Lui aussi, il m'a fait du mal. Il m'en fait encore fréquemment. Dès que sa femme n'est pas là, dès qu'elle tourne le dos, il pose ses mains sur moi, me brûle, me consumme de l'intérieur, m'effraie. J'entends encore son souffle qui roule, sa voix qui se perd dans des râles qui me dégoûtent. Je sens encore sa transpiration, cette odeur insupportable. Il sait que je n'ai plus personne. La première fois, il m'a insultée, battue, en disant que, comme il le pensait, j'avais été ouvrir mes cuisses au premier venu, que j'étais sale. Je n'ai pas pu répondre. Je me suis débattue, de mon mieux, je l'ai frappé, mordu, mais ça n'y fit rien. J'étais toujours aussi faible. Et peu à peu, tout sombra dans l'obscurité. Je me laissais faire, jour après jour, maudissant ce corps de ne pas avoir le force de l'assassiner, de le faire taire, de lui empêcher de faire pareil à quelqu'un d'autre si un jour je lui filais des doigts. Il me regardait m'habiller, me molestais, mais je ne pouvais rien faire contre lui. Encore une fois, personne ne me croyait. Je n'étais pas assez maligne pour trouver un moyen pour le coincer. Ou peut-être était-il en réalité terriblement malin dans sa nature de sombre pervers. Mon corps, avec le temps, s'est recouvert de cicatrices qu'il me répétait trouver excitantes. Malgré ça, je ne pouvais pas arrêter de me faire du mal, seule la vue de mon sang me rendait calme. Même vous, qui étiez censés me protéger, vous m'avez fait du mal. Mais c'est fini. Je ne vous dis pas à Dieu. S'il existe, il vous enverra loin de moi. » Je repose le stylo, lourdement, le posant à plat sur ma page, bien droit. J'ai beau avoir toujours des manches longues, je sais que je ne peux plus compter les cicatrices, de formes diverses, qui se présentent comme une peau terriblement blanche et comme fibreuses. J'ai pratiquement fini, maintenant. Je recommence certains parties de mon texte, je raye, recommence, encore, et encore, je raye, toujours, je m'acharne sur le papier, je le perce même parfois. Les larmes, sous les mots, finissent par affluer. C'est tellement bon, de tout relâcher. Mes mots, bientôt, ne sont plus aussi clairs, ils se penchent, s'écrasent, se chevauchent presque. Je m'en fiche, c'est la fin. Ils savent ce qu'il va se passer, s'ils ont lu jusque là. Finalement, je lance mon stylo à travers la pièce, dans un cri comme hystérique. Mon coeur tambourine dans ma poitrine, la rage tord mon visage de poupée de porcelaine, le fissurerais presque avec violence. D'un coup sec, je me lève de ma chaise, envoie valdinguer la lampe, les classeurs. Mon souffle brûle dans ma gorge alors que je repasse en vitesse ma langue sur mes lèvres, sauvage, me mettant à tout retourner autour de moi. Il faut que ça sorte. Il faut que ça explose. Une bonne fois pour toutes. Je peux tout détruire, personne ne pourra m'arrêter maintenant. Quand ils reviendront et verront ça, je serais déjà tellement loin que même leur voix ne me parviendra plus. Les meubles retombent lourdement sur le sol, dans des bruits sourds, pesants. Et même si je fatigue, je ne m'arrête pas pour autant. Ce lit, il me dégoûte. Ces draps, je m'en empare, dans un autre hurlement dérangé, déchirant, alors que les voisins s'agitent au-dessus et en-dessous. Ils vont appeler la police. Mais je n'en ai plus rien à faire, maintenant. Dans un rire incontrôlé, incontrôlable de toutes façons, je me rapproche de la fenêtre. Cet appartement est ma cage. Ces draps sont mes chaines. Mais je suis le plus bel oiseau du monde, celui qui vole malgré que l'on lui ai arraché les ailes. Les larmes, précipités, s’agglutinant à mes yeux, débordent, déchirent encore mon visage d'ordinaire si neutre, si inexpressif. C'est le feu d'artifices. J'entends déjà les cloches, les cris, les pleurs, j'entends déjà le monde qui s'arrête à une vie qui se rompt, à une existence disloquée qui trouve sa fin. Mon petit rire s'arrête, s'apaise, et je regarde en bas. J'ai trop souvent cherché des excuses. Je me suis trop longtemps aimé malgré d'être détruite, de n'être rien de plus que le jouet de ce monde écoeurant. Je me fiche de l'état de la personne qui me verra tomber. Je me fiche de sa peur, de son traumatisme. Souffre, pauvre petit âme. Il n'y a plus rien à attendre, quand on a déjà tout perdu. Je n'ai pas mangé depuis près d'une semaine, je ne bois que de l'eau, mon corps est faible. Et me hisser sur le rebord de la fenêtre est une action pénible. Mes yeux, un moment encore, fixent le sol, alors que le vent se glisser contre mes joues, les caresse comme pour tenter de me retenir. C'est trop tard. Tirez-moi dans les pattes, brûlez-moi vive. Mes yeux ne sont plus aveugles. Ils voient le bleu de ce ciel, cet horizon légèrement camouflé derrière les buildings au loin et les immeubles plus proches. Je ne vous appartiens pas. Et si je ne m'appartiens plus à moi-même, alors je dois partir. Mon coeur ralentit, mes paupières se ferment, lourdes. Et c'est la chute. Je sens l'air qui me presse, m'enlace, me recouvre, m'enveloppe dans une dernière étreinte. Ne me trouvez-vous pas belle, ainsi ? N'est-ce pas ce que vous attendiez de moi, d'être un oiseau suicidaire ? Je commets ce pêcher, et je vous le dédit. Prenez-le, ouvrez vos mains sur sa sublime couleur écarlate. Pour moi, c'est la fin. Je vous le laisse, ce monde pourri jusqu'à la moelle. Le sol me frappe, je le heurte moi aussi avec brutalité, sentant mon crâne se déformer sous la force de cet impact. La mort, la voilà, m'attrape, me soulève, me couvre de ses baisers. C'est douloureux, bien sûr, mais c'est si doux en même temps. Je viens de disparaître, enfin, enfin je ne suis plus là. Aujourd'hui, à seize heures cinquante-huit, j'ai trouvé la Mort. Je me suis rendue à la grande faucheuse. Et pour la première fois depuis tant d'années, je n'ai plus peur. Restez là, à survivre, à souffrir, restez là à blesser ceux qui sont innocents. Moi, je me suis enfuie. Et si vous me contrôliez de mon vivant, vous ne pourrez plus rien contre moi dans le froid éternel.Ah... Il fait si beau, dehors.
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Dernière édition par Shannon Meyer le Mar 29 Mar - 9:25, édité 7 fois