Les poignets solidement attachées dans mon dos avec de la corde qui les irritait, le haut de mon corps ainsi que ma tête se balançaient légèrement dans tous les sens. Du sang coulait de ma tempe pour terminer sa course sur mon torse et mes jambes nues. Mes vêtements ne me couvraient plus, ils étaient éparpillés dans la pièce sombre que je soupçonnais être un sous-sol dû aux pierres qui recouvraient le sol et les paroisses. Un frisson parcourait mon échine lorsque la porte de bois aux jointures en métal en face de moi s'ouvra. C'était un homme, l'un de ceux qui nous avaient arrêtés, nous les Templiers de l'Ordre.

Il venait sans doute terminer le travail avec moi. Je n'avais subis qu'une part de ce qu'ils me réservaient. Quelques coups sur la gueule et l'humiliation d'être nu n'était rien à comparé à ce qui s'en venait... Je relevai ma tête et avec mes yeux cyans, je fixai mon bourreau avec arrogance. J'étais au courant des péchés que j'avais commis, mais je ne voulais pas leur avouer aussi facilement. Ils ne le méritaient pas. Le brun saisit l'un des nombreux instruments de torture pour me les montrer et m'expliquer ce qu'ils faisaient. Il tentait visiblement d'instaurer la peur en moi, mais je n'avais qu'hâte d'en finir avec ce cirque.

Quelques minutes après ses explications interminables, il se mit à la tâche avec l'équarteur de genoux. L'objet de métal ressemblait à une bouche avec des dents accérées prêtes à m'arracher mes jambes. C'était un horrible supplice, j'étais au courant que tout cela allait être douloureux, mais pas insupportable. Du sang coulait de mon genou droit contre les froides dents de l'instrument de la mort. Plus il avançait dans ma chair, plus mes cris étaient intenses. Des supplications involontaires sortirent de ma bouche pour qu'il arrête. Pourtant, il continua. Mon tortionnaire semblait y prendre plaisir...

Je ne me souviens plus très bien de ce qu'il s'est passé après cela, mais j'ai subis une torture inhumaine. Cet homme, c'est un monstre. Il a attendu que je me réveille de nouveau pour me menacer. Je ne croyais pas ressentir une telle peur à nouveau dans ma vie depuis ma première et dernière croisade quelques années plus tôt. Je décidai de lâcher le morceau pour de bon, il m'achèverait certainement après. Mes souffrances seraient terminées...

Aussitôt après avoir tout avoué, mon bourreau est parti. J'ai été livré à une attente interminable à baigner dans mon sang et dans ma douleur. Les heures qui s'en suivent, on a été me porter des vêtements. Les gardes ont dû m'aider à m'habiller puisque mes os cassés ne me le permettaient pas. J'ai été entraîné à l'extérieur de ce tombeau dans une charette barrée où d'autres de mes frères étaient. Certains étaient mieux en point que moi, d'autres pires. Le trajet se fit en silence jusqu'au bûcher. Je devinai aussitôt quelle fin ce monde nous attendait. Je fu le dernier à être entré, mais le premier à en sortir. Ils m'installèrent contre le poteau de bois attaché solidement avec du foin sous mes pieds, puis y jetèrent une torche enflammée.

— Yhmir de Cormeilles, coupable des crimes suivants : Rebellion contre le roi Philipe IV le Bel, renier dieu et d'avoir pratiqué la sodomie avec une personne du même sexe.

Plus les flammes grimpaient, plus je regrettais d'avoir désiré joindre l'ordre du Temple. Moi qui avait été si fidèle à eux et d'avoir donné mon corps pour la cause, c'est comme ça qu'ils me remerciaient? Certes j'avais déjà pissé sur la croix de Jésus et couché avec autant d'hommes que de femmes, mais je ne m'étais jamais rebellé contre cette vermine de roi. Il avait peur de nous et de notre puissance...

Mes derniers cris d'agonie se mélangèrent avec ceux de mes frères jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de nous.