Je n'ai jamais compris pourquoi tu étais méfiant. Pourquoi la seule personne à qui tu adressais réellement la parole jusqu'à tes onze ans était moi. A vrai dire, je ne m'en suis jamais plaint. J'aimais être la seule source de ta joie pourtant quasiment constante, te voir fringant et rêveur. Ca m'offrait une bouffée d'air frais dans ce monde réel qui nous sépare. Tu as toujours été froid avec les inconnus, même si tu possèdes une main sur le coeur ; tu aides les individus qui t'entourent puis tu t'enfuis, par peur de t'attacher. Tu crains tellement l'amitié putain, ça me brise le cœur. Un enfant de ton âge ça devrait rire, apprendre la vie, devenir un homme. Toi, tu restes le gamin un peu perdu. Un poil maladroit, gêné pour un rien, qui ne s'assume pas mais qui ose quand même balancer une blague déplacée.
Tu affiches ce sourire ; un peu forcé, histoire de dire que tout va bien. Tu n'es pas doué pour exprimer tes sentiments sans te montrer excessif, réservé.
Mais ça c'était avant que je disparaisse. En m'oubliant tu as laissé une part de ton enfance derrière toi, un imaginaire inavouable.
Promis, je reste là. Tu auras beau tenter de me faire fuir, mes mains seront toujours là pour flatter les courbes de ton visage.
Promis, je ne jugerai pas la personne que tu es. Tes vices, ta gourmandise, tes défauts. Je serai là pour t'épauler et t'aimer, comme personne jamais ne l'a fait.