Zacharias avait quitté Cerys une heure plus tôt, à la recherche d'un refuge et de nourriture.
Sa faim avait en effet fini par prendre le dessus sur les inquiétudes qui l'avaient tue jusque là ; et son estomac, resté trop longtemps vide, s'était manifesté bruyamment sans signe avant-coureur. Le bruit l'avait fait sursauter. Mais de toute manière, personne n'avait été là pour l'entendre ou le voir. Sur son chemin, seule la solitude la plus complète l'accompagnait.

Il n'était pas certain de devoir s'en réjouir. Sans personne pour lui changer les idées, il n'avait plus qu'à cogiter à l'infini sur ce qu'il allait devenir ici, et chasser ces pensées ne fonctionnait que temporairement. Or, il ne voulait pas se remettre à pleurer ou à se lamenter. Aussi fut-il soulagé de voir le marché, identifiable à ses étalages colorés de fruits et légumes, apparaître à quelques mètres de lui.
Fasciné par le silence qui régissait ce lieu, pourtant si rempli de ressources en tous genres, il ralentit en s'engageant dans les allées. Chipant une pomme pour la grignoter au passage, il prit le temps d'inspecter la marchandise disponible afin de savoir ce qu'il allait emporter. Attentivement. Précautionneusement. Rien ne pressait, il aurait été idiot de se priver d'un ou deux allers-retours de reconnaissance. Et puis, il n'avait ni assez de place dans ses poches pour emporter quoi que ce soit, ni même de logement avec un réfrigérateur pour stocker les produits frais. S'il voulait se constituer de VRAIES provisions, il allait avoir besoin d'un sac, au grand minimum… Peut-être en trouverait-il un peu plus loin.

Après les denrées alimentaires s'alignèrent les vêtements. Des hauts, soigneusement pliés et disposés sur les comptoirs, par ordre de taille. Des bas, accrochés à des tringles dans les échoppes et parfaitement repassés. Des chaussures, impeccablement cirées et nettoyées, dont un exemplaire de chaque modèle trônait au-dessus de sa boîte en plastique recyclé - probablement une caractéristique du monde futur, se dit Zacharias. Des chapeaux, sur des têtes de mannequin aux yeux vides et inexpressifs. Malgré les emballages modernes, les époques se mêlaient à travers les produits disponibles, allant des robes victoriennes en velours et dentelle à des sortes de pyjamas bariolés comportant une dizaine de fermetures éclair totalement décoratives. Et puis vinrent les sous-vêtements, dans des pochettes en plastique zippées destinées à les protéger (mais de quoi ?).
Cette vision lui rappela qu'en guise de boxer, sous son survêtement, il portait encore le maillot de bain dans lequel il était mort. Et à peine s'en était-il souvenu que son inconfort se fit ressentir. Pas évident, en effet, de marcher aussi longtemps dans un short rêche conçu pour sécher rapidement, et collé à son corps par le pantalon au-dessus. Sa peau, sur l'intérieur de ses cuisses, s'était horriblement irritée à force de frottements incessants de la part du tissu synthétique.
L'étalage semblait le narguer. Les sous-vêtements exposés étaient parfaitement à sa taille, comme si le destin les avait placés là et l'appelait à les utiliser. Il se mordit la lèvre inférieure, et fit un tour sur lui-même à trois cent soixante degrés pour vérifier les alentours.
Personne.
…
Bon. Il finit par céder.

Chipant un boxer, il s'engouffra entre deux tentes pour se changer le plus rapidement possible, en espérant que son haut le couvre assez…

Sonny se réveilla de bons matins, décidé à manger un peu tout ce qu'il y avait dans le frigo. Il se leva, fit quelques exercices de musculation pendant une bonne heure, prit une douche et alla ouvrir la porte de réfrigérateur. Rien, vide, le néant. Il soupira intérieurement, depuis combien de temps il n'avait pas fait la course ? Non, il ne valait mieux ne pas y répondre. Il regarda ce qu'il manquait chez lui comme nourriture, mais pas que, il regarda aussi les produits pour le ménage, car, oui, il lui arrivait de faire le ménage, ainsi que les produits de bain et les vêtements. Après avoir fait une liste dans sa tête, il prit ses griffes et les attacha à une de ses mains et sortit de chez lui habiller comme d'habitude.

Il faisait beau, mais le vent froid de l'hiver était bien présent, c'est donc pour cela qu'il y avait peu de monde dehors.

-Bande de frileux. Marmonna-t-il, lui qui était habillé que d'une simple veste en guise de haut.

Il se dirigea calmement vers le marché, mais il se rendit compte qu'il avait oublié un sac.Il soupira et fit demi-tour chez lui et revint où il voulait aller depuis le début. Il faut dire que maintenant, il en avait déjà marre de faire les courses. Il se dirigea vers les stades de nourritures, prenant un peu de tout puis continua d'avancer en regardant ce que les marchants pouvaient bien proposer. Il arriva aux étalages de vêtements, il s'y arrêta un peu pour voir s'ils avaient des jeans en cuir ou des vestes classes, rien de tout cela alors Sonny ne s'attarda pas trop.

Le blond arrivait aux sous-vêtements, oh, il allait pouvoir se rincer l'œil avec des demoiselles dans les camions qui se changeaient… Quoi que, il n'y avait pas un chat aujourd'hui dans les rues des stands. Mais, peut-être par chance, il remarqua une ombre au loin chiper un sous-vêtement quelconque et s'engouffrer entre deux tentes. Oh ? Une voleuse ? Il pourrait lui faire la morale… À sa manière.

Il s'avança vers les deux tentes et regarda l'inconnu. Oh, c'était un homme, un adolescent. Il le regarda de haut en bas et eu un sourire narquois en le voyant se changer et surtout en voyant le bout de peau dépasser.

-Jolies fesses.

Il se mit à rire avant de reprendre avec un peu plus de sérieux, mais toujours en gardant son regard rivé sur ses fesses.

-Tu sais, ce n'est pas bien de voler.

▬ Jolies fesses.

Mince. Découvert.
Impossible pour Zacharias de cacher sa gêne, avec cette peau de roux. Ses oreilles, ses joues et ses pommettes prirent une teinte écrevisse alors qu'il enfilait le sous-vêtement à toute vitesse. Mais il se pressa moins pour le pantalon, laissant l'inconnu apprécier le galbe parfait et finement musclé de son derrière ; après tout… peu de monde l'avait déjà regardé ainsi.
Oh, il s'était déjà fait reluquer, évidemment. Par un peu tout le monde, en fait, ne serait-ce qu'un professeur, un vendeur dans un magasin, un père de famille dans la rue. Mais il s'agissait alors d'un regard malsain, vaguement torve, reflétant une libido qui gênait l'adolescent et le dégoûtait. Selon Zacharias, le regard du blond ne faisait en revanche qu'apprécier ce qu'il voyait, en toute objectivité. Même s'il contenait probablement des arrière-pensées, il y avait une nette différence entre se faire mater par un vieux pervers, et se faire complimenter par un mangeur d'éphèbes. Alors rien que pour cela, il prit son temps pour se relever, et resta de dos en enfilant son bas.

▬ Tu sais, ce n'est pas bien de voler.
▬ Voler ? Hé, je ne vole pas. J'essaie le vêtement pour voir si je vais l'acheter ou non.

Il enfila ses chaussures, puis se retourna pour lancer une pièce d'or sur le comptoir. Une de celles qu'il avait fièrement gagnées au Jeu du Menteur.

▬ Et puis, de quoi je me m-

Il se tut en apercevant les griffes du blond. Longues. Effilées. Acérées. Il eut un moment de blanc. Mais il n'avait pas peur ; il avait rarement peur, d'ailleurs, comme si ce sentiment lui faisait défaut au même titre que son empathie. (Pas bon pour la survie, ça, mais puisqu'il était mort…) Simplement surpris, il haussa un sourcil à l'intention de son interlocuteur.

▬ Eh bien, eh bien… Tu as peur que je vienne te "voler" tes carottes ? argua-t-il d'une voix amusée. Il ne se moquait pas vraiment, et cela se voyait. Il n'en avait pas envie. L'autre lui avait plu, alors pour l'heure, il comptait rester (à peu près) aimable.

Le blond souriait à le voir aussi gêner. Que c'était mignon ! Il n'y avait pas de quoi voyons. Quand Sonny voyait de belles fesses, il les complimentait toujours ! Il avait toujours une arrière-pensée en tête, mais c'était la beauté avant tout qui l'intéresserait.

Le voyant moins se presser pour mettre son pantalon, il en profita pour toujours regarder ses belles petites fesses magnifiques. Même après avoir mis un sous-vêtement, elles étaient belles. C'était plutôt rare de voir chez un homme des si belles comme celles-là. Même le p'tit con n'en avait pas des aussi belles. Mais arrêtons de parler de ça voyons.

Sonny eut un grand sourire quand l'inconnu lui dit qu'il essayait simplement avant de voir s'il l'achetait ou non. Bizarre comme façon de vouloir essayer un produit, partir en courant puis se cacher entre deux tentes… Ce n'était pas le fait de se cacher qui était suspect, mais le fait qu'il soit parti en courant. Hm… Devait-il lui dire ? Non, il gardait ça pour lui comme il le vit jeter une pièce d'or sur le comptoir.

Il commença à parler avant de s'arrêter. Oh ? Qu'est-ce qu'il l'empêchait de continuer ?

Il regardait ou lui regardait. Oh, sa main de fer ? Elle lui faisait peur ? Elle l'intriguerait ? Il ne savait pas vraiment, tout dépendait de la personne après tout. Il se mit à rire après qu'il a parlé. Il se calma peu à peu.

-Non. C'est pour embrocher des gens.

Il riait encore et tira la langue comme à son habitude en léchant une lame de ses griffes sans se couper. Il adorait ses griffes et surtout avoir l'air d'un psychopathe. Il ne voulait pas faire peur au jeune garçon, mais juste le prévenir qu'il pouvait le tuer une deuxième fois à tous moment. Il le regarda un instant avant de reprendre.

-Tu es nouveau ? Je ne t'ai pas vu ici alors que ça doit faire un mois que je suis là. Comment tu t'appelles ? Et surtout pourquoi tu es ici ?

Sonny était curieux, parce que depuis, il n'était pas retourné à la bibliothèque regarder les dossiers de chaque âme. Bien sûr, il avait pris son dossier à lui et l'avait caché précieusement chez lui, personne ne devait savoir quelque chose de lui en avance ! C'était mieux de faire connaissance ~

Rien qu'à l'entendre rire, il se dit que l'inconnu devait avoir un léger problème. Tout petit. Et à en juger par sa réponse, il ne s'agissait pas d'un jugement hâtif. Pour embrocher des gens ? Ben voyons ! Comme tous les soirs.
Le point positif était que le blond ne semblait pas avoir envie de l'attaquer, lui. Tant mieux. Il n'était donc pas nécessaire de fuir tout de suite. Et puis… dans tous les cas, même s'il se faisait empaler, il était déjà mort, pas vrai ? Alors cela lui était bien égal de trépasser une seconde fois. Il était immortel, inatteignable.

Le fameux coup du léchage d'arme s'ensuivit. Mais Zacharias n'eut ni mouvement de recul, ni grimace. Au contraire, un rictus s'imprima sur ses lèvres. Il était… fasciné. C'était la première fois que l'occasion de voir un accès de psychopathie lui était donné, et il n'était pas déçu.
Mais malheureusement pour lui, ce fut vite terminé.

▬ Tu es nouveau ? Je ne t'ai pas vu ici alors que ça doit faire un mois que je suis là. Comment tu t'appelles ? Et surtout pourquoi tu es ici ?

Il mit ses mains dans ses poches d'un air désinvolte.

▬ Tu peux m'appeler Zach'. Et toi ?

Il attendit sa réponse, et nota son nom dans un coin de sa tête.

▬ Quant à ta seconde question… je n'en ai aucune idée ! ~ Parce qu'en fait, je ne sais même pas quel est cet endroit…

Ce n'était pas entièrement vrai. Il en avait une idée, une petite idée, qu'il avait gardée bien au chaud dans son esprit mais ne lui paraissait pas convenir. Allait-elle se révéler justifiée ? Ah, ce qu'il avait hâte de s'installer pour pouvoir explorer la bibliothèque ! Peut-être y récupérerait-il également ce livre sur lui, dont Cerys lui avait parlé…
Il afficha un petit sourire coquin, penchant légèrement la tête sur la gauche.

▬ Je comptais faire mes petites recherches de mon côté… mais puisque tu es là, tu vas peut-être pouvoir me renseigner ?

Sonny lui souriait, toujours le même sourire avec sa langue qu'il tire, son sourire de psychopathe. Oh, Zach ? Abréviation, hm… Difficile de savoir son nom complet surtout que le blond ne connaissait pas de prénom en Z de base. Merde, il n'avait pas envie de s'embêter à chercher plus longtemps, au pire, il ira regarder à la bibliothèque, il ne doit pas avoir vingt mille prénoms en Z. Mais, une question l'interpela au fond de lui : devait-il lui dire son vrai prénom ? S'il lui donnait son deuxième prénom, ce serait dur de le retrouver vu qu'il a marqué de partout Sonny S. Jefferson et n'a jamais dit ce que le deuxième S voulait dire. Ici, on devait quand même se méfier des personnes, après tout,des personnes comme lui pourraient s'amuser à récolter des informations sur les autres… Non, il était le seul à avoir des idées aussi farfelues.

-Appelle-moi Sonny.

Le blond l'écoutait sans vraiment l'écouté. C'était sûr qu'il savait où il était, mais pourquoi ou comment, peut-être pas. Il faisait toujours cela avec les nouveaux, expliquer, expliquer et encore expliquer. C'était un saint en fait ! Il aidait son prochain, enfin… Si on ne compte pas les autres horreurs qu'il fait alors qu'il est au Purgatoire. Mais bon. Il vit son petit sourire coquin en penchant légèrement la tête. Franchement, il l'aimait bien ce petit. Il avait le sentiment de bien l'aimer en tout cas.

-Tu es mort donc tu te trouves au Purgatoire. Tu es ici pour racheter tes péchés ou vivre comme je le fais. Il y a quatre quartiers et tu es surement placé dans un des quartiers, mais je ne sais pas lequel. Tu devrais aller à la bibliothèque pour consulter ton dossier.

Court, bref et compréhensible. Maintenant, il avait l'habitude de faire des résumés de ce qu'il se passait ici. Il lui souriait après l'avoir regardé de haut en bas.

-Tu as l'air d'avoir faim dit moi et comme tu es nouveau, je suppose que tu as très peu de sous.

C'était une invitation directe pour lui demander s'il voulait manger quelque chose pour que Sonny lui donne une brioche qu'il avait dans son sac.

HRP :

▬ Tu es mort donc tu te trouves au Purgatoire. Tu es ici pour racheter tes péchés ou vivre comme je le fais. Il y a quatre quartiers et tu es surement placé dans un des quartiers, mais je ne sais pas lequel. Tu devrais aller à la bibliothèque pour consulter ton dossier.

Les yeux du rouquin s'illuminèrent. Alors il avait vu juste ! Il s'agissait bien du Purgatoire ! Enfin une information sur laquelle il pouvait se reposer pour comprendre ce monde. Son cerveau commença à fonctionner à toute allure. Pourquoi ? Pourquoi était-il là, lui ? S'il s'agissait de Sonny, il pouvait aisément deviner qu'il avait fait quelque chose de douteux. Mais lui, Zacharias ? Lui qui avait toujours mené une vie parfaite, irréprochable, admirée de tous ?... Il avait l'éternité pour répondre à cette question. Peut-être même la trouverait-il très vite, si par chance elle se trouvait dans le livre de sa courte vie.
Il appréciait le fait que Sonny ait fait court. Vraiment, avec l'estomac vide et une certaine fatigue due à sa longue marche, il n'aurait pas eu le courage d'écouter un long discours.

▬ Tu as l'air d'avoir faim dit moi et comme tu es nouveau, je suppose que tu as très peu de sous.

En parlant d'estomac… celui-ci se manifesta à nouveau, comme pour répondre à la question de Sonny. "Garblgrooooarblblblblrgr". Zacharias rougit de nouveau, juste de quoi manifester son embarras et montrer à quel point il était mignon et affamé.

▬ C'est vrai que je n'ai pas grand-chose, pour le moment…

Il accepta ainsi volontiers son offre, et mordit dans la brioche avec appétit. C'était probablement la meilleure chose qu'il ait goûté depuis… depuis sa mort ? Des pensées désagréables lui revinrent en tête. Il se souvint qu'il ne pouvait plus réellement sentir de goût. Que ses sensations étaient factices. Sa gorge se serra, mais il n'en laissa rien paraître, et avala pour pouvoir reprendre la parole. Son air se fit innocent.

▬ Mais… ce que tu me dis m'ennuie bien. Je n'ai pourtant jamais rien fait de mal, dans ma vie, j'ai toujours été sage et obéissant… mmh…

Il prit une nouvelle bouchée, et tourna la tête vers Sonny. Pendant les petites secondes où sa bouche fut pleine, il l'observa de haut en bas, comme il l'avait vu le faire juste avant. Il n'y avait pas le moindre doute : il avait peut-être l'air d'un psychopathe, mais bon sang, ce qu'il était beau ! Sa peau, ses cheveux, ses yeux, le tout si clair et pur… paradoxalement, tout semblait appeler à la luxure. Les hormones de Zacharias, tout juste pubère, ne pouvaient que s'affoler dans tous les sens à la vision d'une telle créature. Mais il se garda bien de le lui faire remarquer ; autant éviter de lui donner une raison de le déchirer de haut en bas avec ses griffes, puisqu'il n'avait encore aucune idée de ce qui pouvait bien énerver Sonny ou non.
Alors qu'il tournait et retournait ses mots dans sa tête, il se souvint d'un détail, et eut alors une nouvelle question à poser. Son innocence apparente se mêlait avec une curiosité purement enfantine, qui faisait pétiller son regard bleu.

▬ Tu dis également que tu ne cherches pas à racheter tes péchés, si j'ai bien compris ? Alors… quelle est cette manière dont tu vis ? Tu attises vraiment ma curiosité !~

Sonny fit un petit sourire narquois en entendant le ventre de Zach' grogner comme un ogre et le voyant rougir d'embarras. C'était vraiment très amusant de discuter avec des nouvelles personnes et s'amuser à trouver leurs petits points faibles du moment.

Il lui donna la brioche en souriant. Bien sûr, il pensait que c'était gratuit, mais le blond avait plus d'un tour dans son sac. Quand il aura besoin d'un service ou autre, il n'hésitera pas à venir, le voir et lui rappeler qu'il lui avait donné une brioche. Il le regarda manger avant de l'écouter. Tout le monde avait fait quelque chose de mal, mais certain ne s'en rendaient pas compte. Lui le savait parce que c'était tout simplement évident, mais pour les orgueilleux ou les avares, c'était plus compliqué.

-Hm… Tu ne l'as peut-être pas remarqué, je te dis, tu devrais faire un tour à la bibliothèque, ton dossier devrait y être et répondre à toutes tes questions. Du moins presque.

Il le regardait et remarqua que l'adolescent le regardait de haut en bas comme lui avait fait bien avant. Sonny eut de nouveau son sourire habituel avec sa langue tirée. Il l'admirait ? Aucune idée, mais se faire regarder de haut en bas ainsi voulait dire que la personne s'intéressait à lui que ce soit négativement ou positivement. Peut-être qu'au fond de lui, il se dit qu'il est dangereux ? Ou alors qu'il est beau ? Peu importait pour le blond.

La nouvelle question le fit sourire encore plus. Devait-il lui dire comment il vivait ou lui montrer tout simplement ? L'assassin avait envie de jouer un peu, pas comme avec la plus grande partie de ses victimes féminines, mais de jouer quand même d'une autre façon. Il se mit donc à rire en léchant ses griffes avant, sans crier gare, avant de le plaquer contre une tente. Par chance, il y avait l'air d'y avoir un meuble derrière la tente ce qui les empêchait de tomber tout deux. Il approcha son visage très près de celui de Zach' avec son même sourire de psychopathe et de sadique. Il lui susurra doucement au creux de l'oreille en le touchant avec ses griffes sous la gorge.

-Comment je vis ? Si tu veux vraiment le savoir, je peux te le montrer, mais tu risques de peut-être le regretter par la suite…

Il fit un petit rire avant de reculer pour regarder la réaction de l'adolescent puis éclater de rire. Cela lui faisait tellement rire de faire ce genre de connerie idiote qui ne faisait surement rire que lui.

Il ne se sentit pas propulser. Même si Sonny semblait moins rapide que lui, probablement du fait de sa masse musculaire importante, ses brusques changements de comportement le rendaient assez imprévisible aux yeux de Zacharias, qui ne l'avait pas vu venir. En un éclair, il fut prisonnier de la poigne impressionnante du blond, plaqué contre un meuble qu'il identifia comme le flanc d'une armoire.
Il pouvait sentir sa chaleur, son haleine. Un flot d'adrénaline le traversa lorsque les griffes s'approchèrent de lui, ses doigts se crispèrent sur son morceau de brioche, et son rythme cardiaque accéléra drastiquement. Au point qu'il s'interrogea. Avait-il peur ?

▬ Comment je vis ? Si tu veux vraiment le savoir, je peux te le montrer, mais tu risques de peut-être le regretter par la suite…

Il était clairement en face d'un fou dangereux, armé, imprévisible, et beaucoup plus puissant que lui. S'il esquissait le moindre mouvement pour se défendre, la moindre prise, il serait transpercé de part en part de ses griffes d'acier assez Wolverinesques. Mais la foule de sentiments qu'il ressentait rendait ce moment bien spécial. L'activité de son esprit n'était pas une illusion comme le reste de ce monde, ses émotions n'étaient pas feintes. Il se sentait… vivant. Alors il en conclut que non, il n'avait pas peur.
Les yeux écarquillés, il observa longuement Sonny reculer, sans bouger. Il attendit poliment qu'il ait terminé de rire. Puis un grand sourire étira ses lèvres.

▬ Le regretter ? Pourquoi ? Tu penses que je vais être choqué ?

Ce qui éclairait son visage n'était plus de la curiosité, mais quelque chose de plus… malsain. Un désir presque irraisonné d'en savoir plus sur cet individu, dans l'espoir d'éprouver de nouveau quelque chose d'aussi fort. Et oui, il serait peut-être choqué au début. Mais n'était-il pas temps de se débarrasser de tous ces présupposés véhiculés par la morale humaine ? Car ici, au milieu des âmes pécheresses, il n'y avait probablement que peu de place pour la retenue, la vertu, les bonnes manières. Selon Zacharias, peu importait, au fond, si Sonny tuait des gens, ou pire. Il ne pouvait plus réellement faire de mal à personne. Il était mort, et les autres aussi. Libre à lui de s'enfoncer dans ses péchés et d'être envoyé en enfer, ce n'était pas son problème.
D'autre part, il savait qu'il était susceptible de se tromper, mais il n'avait pas ressenti d'animosité chez Sonny. Seulement un souhait de s'amuser. Peut-être que le psychopathe possédait encore une lueur de lucidité, enfouie en lui ? Le rouquin ne demandait qu'à la trouver et à l'exacerber. Et si jamais l'apollon devenait trop dangereux ou le blessait, il n'aurait qu'à partir. Il ne risquait rien, puisqu'il était mort. Ça allait être amusant !
Il prit soin de s'armer d'un air curieux et assuré à la fois.

▬ Je n'ai pas peur, tu sais. Et puis… tu m'intéresses. Je n'ai pas envie de passer à côté de choses vraisemblablement passionnantes.

Puis il mordit dans sa brioche, déjà presque terminée. Peut-être qu'en le flattant, cela fonctionnerait ? Il ne restait qu'à espérer, et le cas échéant, il ferait son bout de chemin autre part.

Sonny regardait le roux en souriant un peu plus à sa question. C'est vrai que personne ne savait vraiment quelque chose sur lui. Après tout, il était The new Jack the Ripper ! Personne ne sait rien de lui, il est un criminel fantôme… Cette idée le fit rire intérieurement, parce que maintenant, il était vraiment un esprit. Il se décida enfin à répondre au jeune garçon.

-Choqué ? Peut-être.

Il ne disait rien de plus. Il avait remarqué cette curiosité dans son regard. Tout le monde était curieux face à cette incantation de la luxure. Même s'il n'aimait pas ça, il se surprit à être flatté. Il se calma un peu, un péché suffisait amplement, il ne fallait pas rajouter l'orgueil à tout cela. Il regarda toujours l'homme et souriait un peu plus à ses paroles. Passionnantes ? Eh bien, eh bien. C'est si joliment dit que Sonny se décida enfin à tout lui dire, du moins le principal.

-Eh bien… Ici, je couche avec n'importe qui, je viole et je tue une deuxième fois. Il y a peu, j'ai torturé un jeune garçon en le violant. Cela aurait pu être toi, qui sais.

Il riait un peu et lécha ses griffes. Il se souvenait très bien du p'tit con, ce regard, cette sensation… C'était rare qu'il ressente quelque chose comme ça, surtout avec un homme. Dommage que le jeune homme soit partit du Purgatoire. Peut-être est-il parti en enfer ou au paradis, personne ne peut le savoir. En tout cas, son amusement quotidien avait disparu, et même s'il disait que devoir parler et expliquer aux nouveaux ce qu'il se passait était chiant, en vrai, cela occupait ses journées.

Il regarda de nouveau le roux en souriant et lui donner un indice sur ce qu'il faisait sur terre.

-Sur Terre, on me surnommait The new Jack the Ripper. À toi de chercher pourquoi.

Bon, s'il venait d'une autre époque plus lointaine que 1888, il ne pouvait pas deviner. M'enfin bon, il regarda le jeune homme une dernière fois avant de lui tourner le dos et de commencer à partir.

-Au revoir. J'espère pour toi qu'on ne se rêvera pas pour que je te viole. T'es répondes sont à la bibliothèque.

HRP :

▬ Eh bien… Ici, je couche avec n'importe qui, je viole et je tue une deuxième fois. Il y a peu, j'ai torturé un jeune garçon en le violant. Cela aurait pu être toi, qui sais.

En effet. Mais s'il avait vraiment envie de lui faire du mal, à lui, Zacharias, pourquoi ne l'aurait-il pas encore fait ? Il ne le craignait pas, du moins pour le moment. Il n'aurait qu'à être prudent la prochaine fois qu'il le verrait… s'il y avait seulement une prochaine fois. Il sourit. Il l'espérait sincèrement.

▬ Sur Terre, on me surnommait The new Jack the Ripper. À toi de chercher pourquoi.

Pas très difficile. En tout cas, d'après ce qu'il lui décrivait, le blond n'était pas près de purger ses péchés… au contraire. Peut-être resterait-il éternellement au Purgatoire ? Ou bien finirait-il en enfer ? Le rouquin comptait bien se payer une place de choix au spectacle du destin de Sonny. Quelque chose lui suggérait qu'il ne s'y ennuierait pas.
Il avait pris la décision de ne pas l'interrompre tout de suite. Mais alors qu'il terminait son repas, Sonny tourna les talons, et il eut bien du mal à cacher sa déception.

▬ Eh bien, de mon côté, j'espère que nous nous croiserons de nouveau. Je ne tiens pas à manquer un seul de tes exploits.

Il lui adressa son plus beau sourire. S'il ne lui adressa pas de clin d'œil ou d'autre geste similaire, son regard et son attitude en disaient long sur ce qu'il pensait de lui.

▬ Mais d'après ce que tu dis, tu ne seras pas libéré de cet endroit avant un moment, n'est-ce pas ? Alors ce ne devrait pas être difficile.

Et après un dernier petit signe de la main, il fourra celle-ci dans sa poche et s'en retourna dans la direction opposée. Il avait des emplettes à faire s'il voulait pouvoir "vivre" convenablement ici.

▬ A plus tard !~

▬ END ▬