Il s'était mis en route dès la fin du Jeu du Menteur, prenant congé de chaque personne présente en s'assurant qu'aucune d'elles ne le suivait. Le tintement de ses gains, dans les poches de son bas de survêtement, était étouffé par le tissu qui les environnait. Il fixait le chemin droit devant lui sans en détourner les yeux. La vision de parterres de fleurs régulièrement identiques, qui lui semblaient s'étendre sur plusieurs kilomètres, allait finir par le rendre fou. Plus que tout, il voulait sortir de ce jardin ; mais il finissait par se demander s'il n'était pas sans limites, comme spécialement aménagé par les créateurs de cet endroit pour ôter toute raison à ses occupants.
Il n'en pouvait plus. De rien. La vacuité qui l'habitait à son arrivée se comblait lentement, il prenait petit à petit conscience de sa situation. Mort. Il était mort. Et tout ce qu'il ressentait était factice. Tout sonnait faux, à ses yeux, à ses oreilles, au toucher de sa peau. Car rien n'était réel, ici, au fond. Ni le battement de son cœur qui résonnait à ses tempes, ni sa respiration, ni la chaleur de ses pieds dans ses sneakers, ni le toucher de son survêtement bleu marine et blanc sur sa peau nue, ni la brûlure de ses cicatrices sur son mollet. Rien. Comment faisaient les autres, ici ? Ils se fichaient d'avoir terminé leur existence ? Ils en étaient heureux ? Ils ne regrettaient donc pas cette vie, ce qu'ils avaient pu y faire ou pas ? Ils ne se demandaient jamais pourquoi ? Il finit par s'agenouiller devant une composition florale, pour approcher sa main gauche d'une plante. Ses doigts parcoururent la tige, en ressentant les moindres détails, les moindres composants, puis coururent jusqu'aux pétales striés de nervures. Le toucher était infiniment réaliste. La fleur, une pensée orange, était très légèrement humide, témoin de sa qualité d'être vivant. La bonne blague, dans un monde d'âmes mortes incarnées pour de faux !
Il se crispa sur la plante, jusqu'à l'arracher vivement de terre. Et étrangement, malgré l'absence totale de résistance opposée par l'illusion florale, le geste lui fit un bien fou, rien qu'en lui permettant d'arracher les racines du terreau pour en disperser des parcelles au vent. Il se releva pour palper longuement la fleur froissée dans sa main. Un petit sourire lui revint, et il put chasser de son visage les quelques larmes qui y avaient ruisselé d'un revers de manche. Il n'avait jamais cru à la vie après la mort, et ne s'était jamais renseigné dessus. Il avait toujours pensé que la mort était trop abstraite pour être figurée, qu'elle ne pouvait pas être ressentie puisque son principe était qu'elle ne se ressentait pas, ne se comprenait pas. Il s'était toujours vu les yeux fermés, dans un cercueil, très vieux, inconscient de son propre état et de la douleur de ses proches. La réalité n'en était que trop différente, et il avait d'autant plus de mal à l'avaler. Il referma très lentement le poing, jusqu'à le serrer et sentir les liquides à l'intérieur de la fleur lui humidifier la paume et les doigts. Ce simple geste lui donna l'impression d'être vivant, d'avoir les choses en main, d'avoir une influence sur son monde. L'impression seulement. Il ne pourrait gagner davantage, quoi qu'il espère, n'est-ce pas ? A moins que…
Non. Il ne devait pas s'infliger de faux espoirs. Ce serait trop douloureux ensuite. Il préféra jeter les débris de la fleur à l'endroit où il l'avait arrachée, et reprendre son chemin. Sa priorité était de sortir du jardin, pas de cette grande mascarade… du moins, pas dans l'immédiat. Après quelques centaines de mètres supplémentaires, dissimulé par plusieurs arbres, il put apercevoir une silhouette penchée sur un massif. Il prit le temps de l'observer avant de tenter quoi que ce soit. Frêle, gracile, féminine. Il avait confiance en ses capacités. Il n'aurait probablement aucun mal à sécher ses attaques… à moins qu'il ne s'agisse d'une dangereuse criminelle psychopathe surentraînée. Mais après tout, il était mort, alors que pouvait-il lui arriver de pire ? Hein ?
Il réprima sa résignation et sa tristesse pour ne laisser sur son visage que son assurance, seul vestige de ce qu'il avait été dans sa vie. Sa voix ne trembla pas une seule fois.
▬ Magnifique motif, n'est-ce pas ? lança-t-il à l'inconnue en s'approchant d'elle, scrutant ses réactions les plus imperceptibles. Il se répète exactement quarante-sept fois, d'ici à l'endroit où je suis arrivé.
Dernière édition par Zacharias Ebstein-W. le Dim 24 Jan - 9:40, édité 1 fois
Cerys A. Tamsin Cerbère, la non-déesse du rap
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Cerys jeta un œil à son interlocuteur, l'observa de la tête aux pieds avant de reposer son regard sur son visage et de lui faire un beau sourire, heureuse d'avoir de la compagnie.
- Impressionnant ! Je ne m'attendais pas à ce qu'un jeune homme comme toi me dises quelque chose d'aussi précis...
L'occultiste regarda le garçon avec une expression intriguée avant de se remettre à tripoter la fleur qu'elle examinait avant de se faire interrompre. Tout en faisant mentalement ses observations, elle continua sa conversation le plus normalement du monde, essayant de conserver l'intérêt du petit.
- Tu aimes les énigmes ? Dis-moi donc pourquoi aucune de ces fleurs ne semblent avoir de maladie, de défauts, ni même de quelconque trace laissée par les intempéries ?
Cerys entreprit de cueillir la fleur le plus doucement possible et la sortit de force de terre en ne détruisant aucune de ses racines. Satisfaite, son éternel sourire s'agrandit un peu. Son hypothèse s'avérait une fois de plus tout à fait vraie. L'albinos se releva et tendit la fleur au jeune prodige en lui demandant de bien l'observer. Pendant ce temps, elle sortit une petite boîte très joliment décorée de son sac tout aussi joliment décoré. Et de cette petite boîte, elle en sortit une autre fleur et la plaça juste à côté de celle que le petit observait.
- Identiques. Regarde, même les racines sont les mêmes. Intéressant, non ?
Cerys eut un autre petit sourire à l'idée de pousser plus loin sa théorie. Le fait d'avoir une preuve de ce qu'elle disait l'avait rendue dix fois plus enthousiaste... et le fait d'avoir quelqu'un pour l'écouter en parler la rendait encore plus joyeuse. Et bien entendu, elle s'était bien rendue compte que ce jeune homme était très intelligent. Peut-être même un véritable génie, si elle se fiait uniquement à ses premières paroles. Alors au fond, elle espérait que cet inconnu -pour l'instant- puisse l'aider dans ses recherches !
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Zacharias E.-Worczinski Petit mort-vivant
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▬ Impressionnant ! Je ne m'attendais pas à ce qu'un jeune homme comme toi me dises quelque chose d'aussi précis…
Zacharias décida de ne pas donner de réplique acerbe au "jeune homme", qui lui paraissait condescendant et le vexait parfaitement ; il se refusait à compromettre sa rencontre maintenant. En outre, la voix de son interlocutrice était mélodieuse, aussi harmonieuse que son visage, et il ne comptait pas cesser de l'écouter pour l'instant.
▬ Tu aimes les énigmes ? Dis-moi donc pourquoi aucune de ces fleurs ne semblent avoir de maladie, de défauts, ni même de quelconque trace laissée par les intempéries ?
Elle avait compris, contrairement à ce que Zach aurait cru. Mais lui aussi le savait déjà. Bien sûr qu'il savait. Et la réponse lui retournait un couteau dans le cœur. Il ne put répondre tout de suite, déglutissant pour ravaler ses larmes naissantes. Il était hors de question qu'il perde la face devant une inconnue. Il observa tout de même les fleurs qu'elle lui présentait, chacune dans une main. Identiques. A la racine près, au pétale près, à la nervure près. Cela ne l'étonna pas le moins du monde.
▬ C'est simple, décréta-t-il d'une voix amère, où transparaissait tout son dégoût face à la situation. C'est très simple. C'est parce qu'elle n'est pas réelle. Rien de tout ce qui nous entoure ne l'est, d'ailleurs. Pas même ces corps.
Avant de commettre l'irréparable et de détruire les fleurs, il les reposa dans la boîte, parallèles entre elles pour que leur similitude soit le plus visible possible.
▬ Et c'est parfaitement normal. Pourquoi est-ce qu'il en serait autrement ?
Il eut un ricanement cynique, sans réussir à se contrôler.
▬ Le créateur de cet endroit n'avait aucune raison de faire davantage dans le réalisme, ou en tout cas de vraiment se décarcasser pour nous. Pour des âmes. Pour des morts, qui n'ont plus rien de la vie qu'il a essayé d'insuffler à ces fausses fleurs…
Sa voix se brisa sur les derniers mots et il dût baisser les yeux, incapable de soutenir le regard rouge de la jeune femme. Il estimait évident qu'elle était une âme en perdition, comme lui. Ou, si ce n'était pas le cas, elle n'était qu'une illusion, elle n'existait pas vraiment, elle non plus… et il se fichait bien de se tromper face à une chimère.
▬ C'est déjà étrange qu'il en ait créé une seule, non ? reprit-il, tremblant. Pourquoi chercher à nous donner une illusion de vie ? Pour nous rendre fous ?
Cerys A. Tamsin Cerbère, la non-déesse du rap
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It is hard to tell if an illusion is really an illusion. But when you know how it works, it is a piece of cake.
ft. Zacharias Ebstein-W.
- Ça... C'est ce que j'essaie de savoir.
Cerys sourit en refermant la boîte avec ses pouces, puis elle la rangea à nouveau dans son sac, qu'elle plaça sur son épaule. Elle replaça son haut-de-forme sur sa tête et fit signe au jeune homme de la suivre. L'occultiste se mit à marcher à sa vitesse et l'entraîna jusqu'à un très joli banc placé sous un arbre et entouré de fleurs. Elle appréciait cet endroit et y était restée assise plusieurs heures l'autre jour sans jamais se lasser, mais l'heure du couvre-feu approchait et elle était rentrée chez elle. Aujourd'hui néanmoins, elle était accompagnée et il restait encore beaucoup de temps avant l'arrivée du soir. Cerys prit place sur le banc en déposant son sac d'un côté, invitant son interlocuteur à s'asseoir de l'autre. N'attendant pas qu'il prenne place, elle prit la parole pour engager la conversation, sans pour autant s'éloigner entièrement du sujet.
- Tu veux bien me dire ton nom... et de quelle époque tu viens ?
En attendant la réponse, l'albinos prit le temps d'observer le visage du garçon. Il ne devait pas avoir plus que quinze ans et pourtant, il semblait être extrêmement intelligent et... au courant. Et un peu immature également, mais ça, elle ne s'en faisait pas. Par contre, il éveillait chez elle un sentiment très fort de curiosité, surtout par ce qu'il portait : elle n'avait jamais vu ça. De combien d'années dans le futur venait-il ?
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Zacharias E.-Worczinski Petit mort-vivant
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Très bien. Pas de réponse pour lui ce matin. Sa question était purement rhétorique, mais au fond de lui, il n'avait pu s'empêcher d'espérer qu'elle saurait quelque chose de plus. Il ne lui restait plus qu'à abandonner tout espoir de savoir… ou chercher avec elle. Ce qu'il n'était pas prêt à faire tant qu'il n'était pas certain qu'elle était recommandable. Il la suivit sans un mot, en profitant pour se calmer d'une part, et l'observer d'autre part. Ses vêtements lui semblaient passablement anciens, mais il était sensible à leur esthétique. Ses cheveux, eux, le fascinaient tout bonnement. Il n'avait jamais croisé d'albinisme aussi prononcé, et ne savait pas qu'il était possible d'avoir une coloration blanche si pure sans teinture.
Seul le fait d'être arrivé au banc le sortit de ses pensées. Il s'assit à côté d'elle, mais à distance respectable, comme pour lui faire comprendre qu'il n'avait pas encore pleinement confiance en elle.
▬ Tu veux bien me dire ton nom... et de quelle époque tu viens ?
Il s'avachit au fond du banc sans se préoccuper de ce qu'elle pourrait en penser, la tête rabattue vers l'avant, fixant tristement la pointe de ses baskets. Comme si le fait de parler allait bien davantage le déprimer que le soulager.
▬ Je m'appelle Zacharias Ebstein-Worczinski, je suis mort le 28 décembre 2015…
Il se refusait à divulguer d'autres informations personnelles pour l'instant, tant qu'il n'en savait pas plus sur elle. Ce dont il avait la certitude, c'était qu'elle venait du passé (XVIIIe ? XIXe siècle ?), qu'elle avait une vingtaine d'années, et qu'elle avait l'air maligne. Très maligne. Rien que pour cette dernière raison, il se devait d'agir prudemment. Elle pouvait être dangereuse, qui sait. Puisqu'elle le tutoyait, il se permit d'en faire autant. En revanche, il ne la regarda pas, trop sombre pour cela. Il gratta son mollet gauche avec la pointe de sa chaussure, la brûlure l'obsédant.
▬ … et je suis prêt à parier que tu étais enterrée depuis un bon bout de temps, à ce moment-là. Comment dois-je t'appeler ?
Cerys A. Tamsin Cerbère, la non-déesse du rap
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Cerys émit un petit rire en entendant le dernier commentaire de Zacharias. En effet, en se fiant à l'année de sa mort, normalement, elle avait été enterrée très exactement 150 ans. N'empêche qu'elle ne s'en souciait pas trop, étant donné que les limites du temps n'existaient plus, maintenant. D'où sa rencontre avec cette personne venant du futur. C'était vraiment intéressant et elle aurait aimé lui poser plus de questions sur son époque, mais avant, elle devait répondre à sa question.
- Je m'appelle Cerys Ailsa Tamsin et je suis très heureuse de te rencontrer.
Il y eut un moment de silence. L'occultiste soupira silencieusement en regardant le jeune homme avant de hausser les épaules et de regarder les fleurs devant elle avec son habituel petit sourire.
- On pourrait croire que tu vas fondre en larmes à n'importe quel moment... La mort te fait-elle des misères, Zacharias ?
Ses derniers mots avaient été prononcés avec une grande douceur et elle reposa son regard sur le gamin, attendant patiemment sa réponse.
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Zacharias E.-Worczinski Petit mort-vivant
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▬ Je m'appelle Cerys Ailsa Tamsin et je suis très heureuse de te rencontrer. ▬ De même, murmura-t-il sans rien ajouter.
Il ne cessait de repenser aux deux fleurs identiques, à la solitude qu'il avait ressentie tout au long du chemin. Là où se trouvait un grand vide à peine quelques heures auparavant, s'était formée une boule de chagrin, ne demandant qu'à sortir. Mais pas devant Cerys. Il aurait trop honte.
▬ On pourrait croire que tu vas fondre en larmes à n'importe quel moment... La mort te fait-elle des misères, Zacharias ?
La douceur de sa voix n'était pas sans lui rappeler celle de Czesław, qui venait toujours le réconforter lorsqu'il était dans un état similaire, pour une longue étreinte, tendre, chaude... Et puis la vision des fleurs le fit réaliser que ces regrets, cette douleur, étaient peut-être eux aussi susceptibles de le rendre fou. Comme ces motifs répétitifs. Peut-être que l'entité à l'origine de son transfert ici n'attendait que ça, qu'il rumine ses idées noires jusqu'à ce qu'elles le rongent, le consument tout entier. En parler serait donc peut-être humiliant, et peut-être dangereux si la jeune femme s'en servait contre lui, mais cela lui garantirait la conservation de sa santé mentale. Il tritura son pantalon, comme un gamin sous des réprimandes.
▬ Elle essaie, en tout cas. Je... j'ai laissé des gens, derrière moi... des gens qui m'étaient chers, et qui ne se remettront peut-être jamais de mon départ, par ma faute...
Il déglutit de nouveau, pudiquement, malgré la rougeur évidente de ses yeux.
▬ Et puis... la vie venait à peine de commencer pour moi. Je commençais tout juste à pouvoir profiter des plaisirs de ce monde. C'est vrai qu'ici, je n'ai plus d'attaches, plus de règles à respecter, plus rien à perdre... mais à quoi bon, si ce n'est que pour errer ici, au milieu des fausses fleurs, pour l'éternité ?
Alors qu'il achevait sa phrase, il leva enfin les yeux vers elle, comme y cherchant désespérément une réponse. Malgré tous ses efforts pour rester stoïque, malgré toute la maturité dont il avait fait preuve, il ne pouvait réussir à cacher complètement ce qu'il était : un enfant perdu, privé de tous repères, livré à lui-même au milieu d'un environnement qu'il ne cernait pas encore tout à fait.
▬ Ça ne te fait rien d'être morte, Cerys ? Ça t'es égal ? Ou alors... si tu sembles aussi calme et indifférente, c'est que tu as trouvé un but ?
Cerys A. Tamsin Cerbère, la non-déesse du rap
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Cerys lui répondit premièrement par un doux sourire. Elle avait beau comprendre beaucoup de choses, elle ne pouvait certainement pas comprendre ce que ressentait Zacharias, puisqu'elle n'avait pas vécu la même vie que lui et donc, elle n'avait pas le même genre de souvenir à chérir. Bien sûr, elle avait quelques regrets, mais elle pouvait bien les endurer. En un geste qui se voulait réconfortant, la jeune femme posa sa main sur le crâne du prodige et la fit glisser jusqu'à sa joue, un sourire un peu triste aux lèvres. Elle lâcha un court soupir : elle avait beau ne pas comprendre ce qu'il ressentait, elle pouvait facilement le deviner. Après tout, la mort n'était pas facile pour tout le monde. D'une voix toujours aussi douce, elle lui répondit tout de même en évitant la première partie de sa question :
- Ce monde est peut-être fait d'illusions, mais c'est justement ce qui me fascine à son propos. En effet, j'ai trouvé un but et le fait d'avoir l'éternité devant moi pour l'accomplir ne peut que me rendre heureuse.
Son sourire se fit un peu plus joyeux.
- Tout comme ces gens en vie qui te regrettent, tu dois toi aussi faire ton deuil. Sauf que toi, tu peux réellement prendre tout ton temps pour accepter ta propre mort.
Zacharias vivait certainement les choses bien plus difficilement qu'elle. Cerys était prête à l'aider à sa façon, si jamais il le désirait. Du moment qu'elle n'ait pas à faire de lien avec sa façon de voir la mort : après tout, il n'y avait bien qu'une ou deux personnes qui seraient attristées par son départ : sa chère mère et son oncle. Malheureusement, elle n'aurait jamais pu voir ne serait-ce que le visage de son petit-frère... et c'était là un de ses grands regrets, mais ça, elle le gardait pour elle. Pour l'instant, ce qui lui importait était de consoler le jeune homme devant elle. Il allait devoir affronter des moments difficiles, et elle les voyait venir de loin...
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Zacharias E.-Worczinski Petit mort-vivant
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▬ Ce monde est peut-être fait d'illusions, mais c'est justement ce qui me fascine à son propos. En effet, j'ai trouvé un but et le fait d'avoir l'éternité devant moi pour l'accomplir ne peut que me rendre heureuse.
Les illusions étaient fascinantes, en effet. Il ne pouvait que se ranger de son côté, mais... le fait d'être lui-même une partie de ce processus le dérangeait, et mettait à mal sa capacité à oublier son ressenti pour analyser la situation. Elle semblait avoir délibérément évité la première partie de sa question. Pour Zacharias, il s'agissait de la preuve qu'il ne pouvait s'ouvrir davantage à elle, faute de savoir si elle l'avait fait par pudeur ou par méfiance envers lui. Il s'y était évidemment attendu, mais la présence d'un adulte responsable et fiable à qui se confier lui manquait terriblement... Au moins, sa réponse le rassurait sur un point : il était possible de cesser de tourner en rond comme un animal en cage, dans cet endroit, et de se changer les idées. Il tourna la tête, pour fixer l'horizon droit devant lui.
▬ Tout comme ces gens en vie qui te regrettent, tu dois toi aussi faire ton deuil. Sauf que toi, tu peux réellement prendre tout ton temps pour accepter ta propre mort.
Oui. Elle avait raison. Il devait s'y faire, accepter les faits tels qu'ils étaient, apprendre à vivre dans cette illusion, dans la mort. Même si cela devait lui demander un effort considérable. Après tout, c'est ce qu'aurait voulu sa famille. Mais il n'était pas complètement rassuré. Il devait en savoir davantage.
▬ Parle-moi encore, murmura-t-il, le regard perdu dans le vague. Quel est ce lieu ? Qu'y a-t-il à y faire ? Quelles sont ses limites ? Et... quel est ce but que tu as trouvé ?
Au fur et à mesure que son stress se dissipait, les cicatrices sur son mollet cessaient de manifester leur présence. En réalité, seul le stress le faisait ressentir une douleur à cet endroit ; son esprit ne pouvait se défaire de l'idée qu'à cet endroit s'était tenu son assassin. Puisque Cerys le distrayait, il n'y pensait plus.
▬ Moi aussi, j'ai besoin d'une raison pour subsister sainement ici.
Cerys A. Tamsin Cerbère, la non-déesse du rap
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Cerys se mit elle aussi à fixer le vide devant elle, retirant sa main du visage du jeune homme. Elle se mit à réfléchir un peu et à trouver les bons mots pour être certaine de bien expliquer son point de vue à Zacharias. Bon, ça ne restait que ça : son point de vue et non pas la stricte et pure vérité en ce monde. Que ce soit dans la vie ou dans la mort, les questions existentielle restaient cruellement les mêmes. Il ne restait qu'à en trouver les réponses. Finalement, l'occultiste prit la parole sur un ton un peu plus sérieux. Son sourire s'était presque effacé.
- Il est assez difficile de définir cet endroit. La majorité des gens te diront qu'il s'agit du purgatoire, l'endroit où les âmes arrivent pour se repentir de ses péchés. Tout le monde ici a fait des choses plus ou moins graves dans sa vie... mais je n'aime pas cette définition. Il n'y a pas que la bible dans la vie, ce n'est pas tout le monde qui est chrétien. Enfin, j'imagine que c'est une façon pour les gens d'ignorer la peur de l'inconnu. Je ne peux pas leur en vouloir de faire avec les explications simples.
Ensuite... pour les limites, je ne saurais te répondre. Ici, tout peut arriver ! Comme par exemple, il y a un jour où je me dirigeais vers la bibliothèque. Il y avait de la fumée qui grimpait dans le ciel à partir de sa location et l'odeur d'un incendie est difficile à confondre... Je l'ai vue brûler et j'étais restée pour savoir ce qu'il s'était passé exactement. Mais le temps de baisser les yeux vers mon sac pour en sortir un mouchoir, lorsque j'ai reposé mon regard sur la bibliothèque, elle était comme neuve ! Enfin, c'est pour illustrer le fait que ici, les limites ne semblent plus exister.
Elle prit une courte pause avant de recommencer son charabia :
En ce qui concerne mon but... c'est simple. Contrairement aux autres, je n'ai pas peur de l'inconnu, au contraire. Je cherche simplement à tout savoir, à tout comprendre sur ce monde. Et normalement, j'ai tout mon temps pour y arriver. Je ne sais pas si tu as eu le temps de l'expérimenter puisque tu sembles relativement "nouveau" ici, mais... il est impossible de mourir une seconde fois. Si quelqu'un te tue, tu vas te réveiller un peu plus tard et faire comme si rien ne s'était passé. Les gens ont beau avoir peur de l'inconnu, je peux te dire qu'ils n'ont absolument plus peur de la mort. Personnellement, je la trouve toujours aussi horrible... Enfin bref.
Cerys commençait à avoir soif, après avoir autant parlé. Elle prit son sac, le déposa sur ses cuisses et l'ouvrit pour en sortir une bouteille semblable à une bouteille d'alcool. Elle l'ouvrit à son tour avant de boire une ou deux gorgées et d'en proposer à Zacharias. Bien entendu, ce n'était pas de l'alcool qui se trouvait dans sa bouteille.
- Tu dis chercher une raison d'exister...
Pensive, Cerys avait une main sur son menton et fixait le ciel... puis son sourire réapparut.
- Pourquoi ne pas chercher des réponses avec moi ?
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Zacharias E.-Worczinski Petit mort-vivant
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Sujet: Re: [END] Rosa, rosae, rosam... [PV Cerys Ailsa Tamsin] Dim 3 Jan - 16:05
L'écouter éveillait en lui des sentiments étranges, qu'il ne comprenait lui-même pas vraiment. Il ne contesta pas une seule fois sa vision des choses, car elle était pour lui totalement cohérente. La bibliothèque indestructible s'accordait avec les motifs fleuris répétés, et lui confirmait également que ce jardin avait une fin, que ce monde avait une construction réelle. Il lui tardait d'explorer l'extérieur. Il espérait y trouver une société d'âmes en peine comme eux, une foule de lieux familiers ou non, des distractions... n'importe quoi qui aurait pu lui faire oublier l'idée qu'il n'avait aucun moyen de sortir d'ici.
Sauf... s'il s'agissait réellement du Purgatoire. Cette notion ne lui était pas étrangère. De ce qu'il en savait, si c'était le cas, il lui faudrait expier ses péchés... mais lesquels ? Il avait pourtant eu une vie exemplaire... Et comment, d'ailleurs ? D'autre part... s'il gardait cette piste, cela voulait dire que la jeune femme avait elle aussi quelque chose à se reprocher, n'est-ce pas ? Ce qui le rendrait encore moins enclin à se confier à elle. Il rangea proprement ces idées dans un coin de sa tête.
Autre information : il ne pouvait plus mourir. Il s'y était attendu. Mais l'entendre dire était plus percutant. Sans qu'il ne s'en soit rendu compte, quelque chose en lui s'était brisé. Il saisit la bouteille, espérant que l'alcool apaiserait son esprit... mais c'était de l'eau. Dommage. Il s'en contenterait bien.
▬ Pourquoi ne pas chercher des réponses avec moi ?
Il sourit, lui aussi. Mais d'une manière différente. De la joie se mêlait à quelque chose de bien plus complexe sur son visage. Une sorte de triste résignation.
▬ J'en serais ravi.
Il but de nouveau, puis lui rendit la bouteille.
▬ Mais... si je peux me permettre, je pense que la piste du Purgatoire n'est pas à écarter définitivement. Je connaissais son équivalent juif, qui est similaire...
Au vu des traits détendus de son visage, il prenait plaisir à réfléchir ainsi, de manière rationnelle et en tentant d'écarter au mieux son ressenti personnel.
▬ Bien sûr, cette explication ne repose que sur des inventions de l'esprit humain servant à lui poser des règles de morale et à combler sa peur de la mort. Mais d'un autre côté... si l'on gardait une logique purement scientifique et rationnelle, en tant que morts, nous ne devrions même pas être en train de parler ici. Nous devrions reposer en silence dans un cercueil, sans avoir conscience de notre propre état. Alors... même si c'est choisir la facilité, et même si je ne vois pas quel péché j'aurais bien pu commettre, je dois admettre que cette proposition est bien tentante.
Il sourit plus franchement en tournant la tête vers elle.
▬ Mais ça ne signifie pas que c'est la vérité, bien entendu. Tu m'as parlé d'une bibliothèque... y as-tu été rechercher des informations ?
Cerys A. Tamsin Cerbère, la non-déesse du rap
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Sujet: Re: [END] Rosa, rosae, rosam... [PV Cerys Ailsa Tamsin] Sam 16 Jan - 18:30
Le sourire de Cerys se fit plus joyeux, enfin. Elle venait finalement de se trouver un ami avec qui partager ses connaissances ! Elle avait comme l'impression d'avoir accompli la première étape du but qu'elle s'était fixé de son vivant : transmettre son savoir à son frère. L'albinos posa son regard sur Zacharias et hocha la tête avec plus d'entrain.
- En effet. Mais comme cette bibliothèque est immense et que de nouveaux livres s'y ajoutent en permanence, je n'ai pas pu trouver ce que je voulais, Néanmoins, j'ai trouvé de très nombreux livres qui racontent tout de l'existence des âmes présentes ici : passée... et présentes. Je peux te dire que j'ai vite pris possession du mien !
Ses dernières paroles furent accompagnées par un petit rire. Bien évidemment qu'elle l'avait pris : personne n'aimerait savoir que toutes ses informations, ses faiblesses et autres choses négatives sont entre les mains d'une autre personne !
- Si tu veux, je peux t'aider à trouver le tien. Tu pourras le cacher dans un endroit sécuritaire et garder tous tes secrets.
L'occultiste gratifia Zacharias d'un sourire rassurant. Elle avait aussi l'intention de chercher plus loin et de dénicher des livres qui pourraient être utiles à leur investigation. Et qui sait, elle aurait peut-être la chance de trouver des livres sur l'occultisme ? Elle en serait ravie ! Et cela serait encore mieux avec de la compagnie.
Spoiler:
Pardon pour le temps que j'ai mis et pour la taille !
Zacharias E.-Worczinski Petit mort-vivant
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Sujet: Re: [END] Rosa, rosae, rosam... [PV Cerys Ailsa Tamsin] Dim 24 Jan - 9:39
▬ En effet. Mais comme cette bibliothèque est immense et que de nouveaux livres s'y ajoutent en permanence, je n'ai pas pu trouver ce que je voulais.
Il acquiesça sans grande conviction. Même s'il la comprenait, il avait espéré avoir quelque chose, une bribe d'information, aussi petite soit-elle... Mais au fond, il avait le sentiment obsédant que cette rencontre n'avait fait que confirmer ce qu'il savait déjà, sans le faire avancer. Il eut une moue discrète.
▬ Néanmoins, j'ai trouvé de très nombreux livres qui racontent tout de l'existence des âmes présentes ici : passée... et présentes. Je peux te dire que j'ai vite pris possession du mien !
Les yeux du rouquin s'écarquillèrent. Il avait pensé trop vite... Ça, c'était diablement intéressant, surtout si les infos qui s'y trouvaient étaient assez poussées et compromettantes pour pouvoir servir ! Oui, il aurait bien aimé lire celui de la jeune femme, mais tous les habitants de ce monde étrange ne pouvaient pas avoir été aussi précautionneux qu'elle. Lorsqu'il rencontrerait de nouvelles personnes, il aurait à chaque fois une chance énorme de pouvoir aller lire leur livre respectif en toute liberté ! Il s'efforça de ne jubiler qu'à l'intérieur de lui. Son propre livre ne pouvait rien contenir d'embarrassant ; sa vie avait été trop courte et banale, et il n'avait commis aucun péché, il en avait la certitude. Tout curieux qui s'aventurerait trop près de cet ouvrage n'apprendrait strictement rien sur lui.
▬ Si tu veux, je peux t'aider à trouver le tien. Tu pourras le cacher dans un endroit sécuritaire et garder tous tes secrets.
Tiens donc. Projetait-elle sa propre attitude sur Zacharias ? L'intéressé ne put contenir un sourire suffisant. Il venait d'avoir la certitude qu'elle lui cachait des choses graves, en tout cas assez pour qu'elle veuille les garder précieusement pour elle. Alors que lui n'était absolument pas pressé. Elle pouvait bien aller le lire en son absence, cela lui était parfaitement égal. Mais il tenait à garder de bonnes relations avec elle. D'une part, elle l'avait réconforté, alors qu'absolument rien - même pas un prétendu devoir moral - ne l'y obligeait, dans cet endroit en-dehors du monde et de ses règles. D'autre part, malgré sa dangerosité potentielle, elle était prête à lui livrer des informations et à l'aider. Gâcher cette chance aurait été profondément stupide de la part du garçon.
▬ J'apprécierais, répondit-il alors. Mais, pour l'heure, je n'ai ni logement, ni carte de cet endroit... je ferais donc mieux de me balader un peu avant, si tu vois ce que je veux dire.
Il se leva, et passa les bras au-dessus de sa tête pour s'étirer de tout son long, tel un félin gracile.
▬ Une fois que ce sera fait, j'aurai l'éternité devant moi, si j'ai bien compris... Me rendre à la bibliothèque ne sera donc pas un problème. Si elle est aussi immense que tu le dis, les recherches sur cet endroit prendront des jours entiers, alors nous nous y croiserons forcément.
Il lui sourit une dernière fois, pour prendre congé d'elle.
▬ J'ai hâte de te revoir, Cerys. Cette conversation m'aura fait beaucoup de bien.
Lorsqu'il s'éloigna dans l'allée, il lui sembla sentir le regard de la jeune fille posé sur lui, ne serait-ce qu'une fraction de seconde. Et bien malgré lui, cette impression d'observation permanente lui tint à la peau, entrava ses pas les plus fermes et résignés, lui enserra le cœur tel un étau ; comme si quelque part, là-haut, quelqu'un continuait à l'observer et à juger ses moindres faits et gestes, prêt à le jeter aux flammes des sept enfers.